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Dans une correspondance en date du 18 juillet 2025, dont nous avons obtenu copie, le ministre des Finances, Alfred Fils Métellus, a informé son homologue de la Justice, Patrick Pélissier, du déblocage de 177 130 000 gourdes pour six opérations anti-gangs prévues entre juin et août. Pour l’Ordre des Défenseurs des Droits Humains (ORDEDH), ces dépenses publiques, sans résultats visibles, révèlent un grave manquement de leadership. Dans une interview exclusive, ce jeudi 24 juillet 2025, son directeur exécutif, Maître Darbenzky Gilbert, évoque des dépenses non coordonnées, sans impact réel sur le terrain.
Port-au-Prince, le 24 juillet 2025 .—Six opérations anti-gangs menées, plus de 177 millions de gourdes dépensées, mais aucun territoire repris. C’est le constat dressé par Darbenzky Gilbert, directeur exécutif de l’Ordre des Défenseurs des Droits Humains (ORDEDH), dans une interview accordée ce jeudi à notre rédaction. L’avocat déplore l’absence de résultats tangibles, malgré l’ampleur des fonds injectés dans ces opérations menées par la Police nationale d’Haïti (PNH). Il dénonce un manque de volonté politique face à des actions dont l’efficacité reste à démontrer.
Selon Maître Gilbert, la situation sécuritaire est catastrophique. Les axes routiers reliant Port-au-Prince à Cap-Haïtien et à Jérémie demeurent sous la menace constante des gangs. Cette insécurité, affirme-t-il, profite à certaines compagnies aériennes qui bénéficieraient du blocage des routes.
Dans la lettre consultée, l’avocat a détaillé les fonds alloués :
— 45 000 000 gourdes pour Kenscoff ;
— 29 500 000 gourdes pour Mirebalais ;
— 12 630 000 gourdes pour la baie de Port-au-Prince ;
— 15 000 000 gourdes pour Tabarre, incluant des zones comme Pernier et Torcel ;
— 40 000 000 gourdes pour Gressier ;
— 35 000 000 gourdes pour l’Artibonite.
« Ça fait un total de 177 130 000 gourdes. Pour quels résultats ? », s’interroge Maître Gilbert.
Il souligne que certaines de ces opérations se sont transformées en véritables cauchemars, comme celle de l’Artibonite, où plusieurs policiers ont perdu la vie. L’avocat critique également la communication de la PNH, notamment à travers sa rubrique hebdomadaire « Synthèse », qu’il accuse de ne présenter que des faits anecdotiques — arrestations de petits délinquants ou règlements de conflits mineurs — sans aucun reflet de victoires concrètes sur les gangs lourdement armés.
Le défenseur des droits humains rappelle que sous la direction actuelle, la PNH dispose de moyens accrus, notamment des véhicules blindés et des munitions. Pourtant, selon lui, les zones comme Solino, Nazon ou encore Carrefour Aéroport demeurent entre les mains des bandits.
Face à ce qu’il considère comme un détournement de fonds publics, l’ORDEDH appelle l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC) ainsi que l’Unité Centrale de Renseignements Financiers (UCREF) à ouvrir des enquêtes. Ces investigations devraient, selon lui, porter sur l’utilisation effective des fonds alloués, les achats de matériel, les opérations de renseignement, ainsi que la réparation des équipements.
En conclusion, Maître Gilbert alerte sur un phénomène émergent et inquiétant : la prolifération de brigadiers et de policiers non identifiés, parfois en civil, armés de fusils d’assaut et portant des gilets pare-balles estampillés PNH. Présents dans plusieurs quartiers, ces individus échappent à tout contrôle institutionnel et entretiennent une confusion dangereuse. Il exhorte les autorités de l’État à assumer pleinement leurs responsabilités, sous peine de voir la sécurité nationale s’effondrer davantage.
Belly-Dave Bélizaire
Vant Bèf Info (VBI)
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