Après sa visite officielle en Europe du 25 au 31 janvier, le président du Conseil présidentiel de transition (CPT), Leslie Voltaire, a présenté le bilan de son voyage lors d’un point de presse tenu vendredi 31 janvier 2025 au salon diplomatique de l’aéroport international Toussaint Louverture. Visiblement satisfait, il a évoqué ses rencontres avec plusieurs personnalités influentes, dont le pape François et le président français Emmanuel Macron.
L’un des sujets sensibles abordés aurait été la restitution de la dette de l’indépendance à Haïti. Bien qu’il soit difficile de savoir si Voltaire a été l’initiateur de cette conversation, il n’est pas exclu que ce soit Macron qui l’ait évoquée, peut-être pour atténuer l’effet de ses récentes déclarations qualifiant les dirigeants haïtiens de « cons ». Une tentative de réparation ? Peut-être. Quoi qu’il en soit, Voltaire a annoncé qu’une déclaration du président français sur ce sujet serait faite dans les jours à venir. Bref, passons.
Si beaucoup s’attendaient à des annonces concrètes après ce « pèlerinage » en Europe, Voltaire a surpris en tenant une déclaration des plus inattendues. Plutôt que de parler de stratégies sécuritaires ou de solutions politiques, il a révélé avoir « interpellé » la Vierge Notre-Dame du Perpétuel Secours lors de sa visite au Vatican, dans l’espoir qu’elle « neutralise les gangs » et « pacifie le pays ».
« Tout comme elle l’a fait en 1882 lors de l’épidémie de petite vérole à Port-au-Prince, j’ai demandé à la Vierge de faire un miracle pour le pays », a-t-il déclaré sans hésitation, comme si une prière pouvait remplacer des stratégies de sécurité sérieuses. « Je lui demande de neutraliser les gangs afin de pouvoir pacifier le pays », a-t-il ajouté avec conviction.
Un pays à feu et à sang, un gouvernement dépassé
Cette déclaration survient alors que la situation sécuritaire en Haïti continue de se détériorer. Les forces de l’ordre semblent dépassées, et les gangs armés étendent leur emprise. La commune de Kenscoff, autrefois paisible, est sur le point de tomber sous leur contrôle, tandis que plus de 85 % de Port-au-Prince est désormais sous l’emprise des groupes criminels.
Mais au-delà des statistiques alarmantes, un autre fait symbolise l’impuissance du gouvernement : l’incapacité à organiser le carnaval à Port-au-Prince, l’un des événements les plus emblématiques du pays. La raison ? La menace constante des gangs. Ironiquement, ce sont ces mêmes gangs qui ont pris l’initiative d’organiser des festivités carnavalesques… mais à Canaan, une zone historiquement dominée par la criminalité.
Le plus frappant ? Plusieurs chefs de gangs de la coalition terroriste « Viv ansanm » ont pu circuler librement pour assister à l’événement, capturant des images rapidement devenues virales sur les réseaux sociaux. Ces hommes qui sèment la terreur semblent bénéficier d’une plus grande liberté de mouvement que les autorités elles-mêmes. Un contraste saisissant qui témoigne du degré de chaos dans lequel est plongé le pays.
Une gouvernance basée sur la prière plutôt que sur l’action
Dans ce contexte, Voltaire mise sur un miracle au lieu d’adopter des mesures concrètes. Au lieu de parler de renforcement des institutions, de réforme des forces de sécurité ou de nouvelles stratégies pour lutter contre les gangs, il préfère s’en remettre à l’intervention divine.
Les Haïtiens, eux, attendaient des solutions tangibles, une vraie politique de sécurité et un plan pour reprendre le contrôle du pays. Mais Voltaire leur propose une prière. Plus besoin de la PNH, de la MMSS ou de la BSAP. Tout repose désormais sur Notre-Dame du Perpétuel Secours.
L’absurdité de cette approche est frappante. On pourrait presqu’en rire, si la situation n’était pas aussi tragique. Pendant que les Haïtiens subissent la violence quotidienne, leur dirigeant principal espère un miracle au lieu de prendre ses responsabilités.
Les Haïtiens n’attendent plus des miracles, mais des actions
En choisissant de s’en remettre à la providence divine plutôt qu’à une gouvernance pragmatique, Leslie Voltaire illustre une triste réalité : les dirigeants haïtiens continuent d’ignorer les vraies causes de la crise. Une prière et une image sacrée ne rétabliront pas la paix en Haïti. Seules des réformes profondes, des décisions courageuses et des actions concrètes pourront changer la donne.
Pendant ce temps, le peuple haïtien endure l’insécurité, la peur et le chaos. Il n’attend plus de miracles, mais des dirigeants capables d’agir et de protéger la population.