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Par Wandy CHARLES
Haïti s’effondre sous nos yeux. La capitale, déjà à genoux, vacille au rythme des attaques de gangs qui avancent, méthodiques, implacables, rationnellement organisés pour semer la terreur. Et vous ? Vous regardez. Vous hésitez. Vous tergiversez. Êtes-vous sérieux ?
Allez-vous livrer, une fois de plus, Carrefour-Feuilles aux artisans du chaos qui ont déjà transformé tant de quartiers en enfers à ciel ouvert ? Laissez Canapé-Vert, Turgeau, Bois-Verna et Nazon tomber sous leur coupe, effacer ce qu’il restait d’une résistance pour le moins héroïque ? Des familles entières ont tout sacrifié pour bâtir, pierre par pierre, des foyers qu’ils espéraient inviolables. Aujourd’hui, ces mêmes maisons sont livrées aux flammes, aux balles, au pillage. Que leur répondez-vous ?
Les rues ne sont plus que des champs de guerre où l’horreur se banalise. Des femmes et des enfants brûlés vifs, des vieillards abattus sans pitié, des corps éparpillés comme de simples déchets. La terreur ne s’arrête plus aux bidonvilles, elle engloutit la capitale, elle broie les derniers bastions de résistance. Allez-vous continuer à détourner le regard pendant que la machine infernale de l’insécurité ravage tout sur son passage ?
Les déplacés, ces milliers d’Haïtiens arrachés à leurs maisons, condamnés à l’errance, ne méritaient-ils pas un répit ? Un espoir ? Allez-vous les laisser être chassés à nouveau, sans fin, condamnés à une vie de traque et d’humiliation ?
Et vous, les autorités compétentes, concernées et établies, vous qui paradez dans des bureaux climatisés pendant que le pays brûle, avez-vous seulement un sursaut de conscience ? Vous accrochez-vous à vos fauteuils dorés pendant que la nation s’effondre sous les cris de détresse ? Des ministres, des secrétaires d’État, des directeurs généraux, des conseillers présidentiels, une armée de fonctionnaires bien payés… pour quel résultat ? Un fiasco sécuritaire d’une ampleur inédite. Avez-vous seulement honte ?
Pendant ce temps, dans les rues, des gamins qui font encore pipi au lit incendient des blindés, exécutent des citoyens, défient l’État sans la moindre peur. Quelle désillusion ! Quelle faillite ! À Gressier, à Nazon et au Bas Delmas la République a déserté. Vous avez laissé des « bandi a sapat » vous narguer, s’arroger un pouvoir qui n’aurait jamais dû leur revenir. Le pays entier assiste à votre abdication.
Le peuple meurt, et vous vous battez pour vos privilèges. Les gangs jubilent pendant que vous tergiversez. Si vous avez encore une once de sérieux, une once de dignité, alors agissez. Maintenant. Avant qu’il ne soit trop tard.
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