En Haïti, les réseaux sociaux sont devenus un nouvel instrument de financement des gangs armés, selon l’ONU. En effet, un rapport accablant des Nations unies a mis en lumière l’implication de certains influenceurs haïtiens dans le financement de ces groupes criminels et dans des activités de blanchiment d’argent, révélant ainsi une facette inédite et inquiétante de la crise sécuritaire qui ravage le pays.
Des figures médiatiques populaires sur les réseaux sociaux, telles que Tati Mendel, Trapalman, Parrola et Belle-Enfant, sont soupçonnées d’avoir bénéficié de fonds en provenance de Renel Destina, alias Ti Lapli, un chef de gang notoire. Ces fonds, collectés via des plateformes comme TikTok, auraient été partiellement reversés aux groupes criminels, contribuant ainsi à l’escalade de la violence en Haïti.
Les réseaux sociaux, une arme au service des gangs
Depuis plusieurs années, les gangs haïtiens exploitent les réseaux sociaux comme un levier stratégique. WhatsApp, YouTube, Facebook et TikTok leur servent de canaux de propagande, de recrutement et d’intimidation. Ils y diffusent des vidéos dans lesquelles ils revendiquent des meurtres, des enlèvements et d’autres exactions, instaurant un climat de terreur généralisé.
Le rapport onusien met également en avant un usage encore plus pernicieux de ces plateformes : leur instrumentalisation à des fins de financement criminel. Les influenceurs impliqués auraient perçu des dons en ligne via TikTok, avant d’en reverser une partie aux gangs. Ce mode opératoire permet aux criminels de contourner les circuits bancaires classiques, rendant la traçabilité des fonds plus difficile et compliquant le travail des autorités.
Le cadre juridique haïtien demeure largement insuffisant pour encadrer l’usage des plateformes numériques et surveiller les transactions financières en ligne. À ce jour, aucune législation spécifique ne permet de lutter efficacement contre cette exploitation criminelle des réseaux sociaux.
En octobre 2022, le commissaire du gouvernement de Port-au-Prince, Frantz Louis Juste, avait ordonné la fermeture des comptes sociaux des principaux chefs de gangs. Cependant, cette mesure s’est révélée inefficace : de nouveaux comptes ont rapidement émergé, perpétuant ainsi l’influence des criminels et la poursuite de leurs financements via des dons numériques.
L’implication présumée d’influenceurs haïtiens dans le financement des gangs armés marque une nouvelle étape dans l’évolution du crime organisé en Haïti. Les réseaux sociaux se sont transformés en outils de prédilection pour ces groupes, leur offrant à la fois une vitrine de propagande et une source de revenus inédite.