Alors que la Police nationale d’Haïti (PNH) manque cruellement d’équipements pour faire face à l’insécurité grandissante, un rapport accablant de l’ONU publié le 27 mars 2025 révèle que plus de 1.000 armes à feu appartenant à l’institution policière ont disparu en quatre ans. Ces armes, désormais entre les mains des gangs armés, aggravent la crise sécuritaire qui paralyse le pays.
Des armes ont été détournées vers les gangs, avec la complicité présumée de policiers. Selon le rapport, la majorité de ces armes auraient été récupérées par des groupes criminels, notamment la coalition Viv ansanm. Plus inquiétant encore, certaines auraient été vendues par des membres de la PNH eux-mêmes, soupçonnés de collusion avec les bandes armées. Cette connivence présumée sape les efforts des forces de l’ordre et rend leur mission presque impossible.
L’ONU alerte sur les conséquences dramatiques de ce trafic : ces armes, échappant à tout contrôle, alimentent les violations des droits humains et renforcent l’emprise des gangs. Avec plus de 500.000 armes en circulation, Haïti sombre dans une violence incontrôlable.
Les chiffres sont effarants : entre juillet 2024 et février 2025, plus de 4.200 personnes ont été tuées et 1.356 blessées, soit une hausse de près de 60 % par rapport à l’année précédente. Un bilan probablement sous-estimé, tant le chaos sécuritaire empêche tout recensement précis.
Cette flambée de violence illustre l’échec des autorités à endiguer l’insécurité et à contrôler la prolifération des armes. Les gangs, exhibant leur puissance militaire sur les réseaux sociaux, étendent leur territoire et multiplient les exactions en toute impunité.
Un trafic d’armes alimenté depuis les États-Unis
Le rapport pointe également la provenance des armes : une grande partie viendrait des États-Unis, en particulier de Floride. Les autorités onusiennes ont révélé que plus de 100 cargaisons d’armes ont transité vers Haïti entre 2018 et 2022. Parmi elles, 29 auraient été importées frauduleusement sous le nom de l’Église Épiscopale d’Haïti (EEH), soulevant des questions troublantes sur l’implication d’institutions de la société civile dans ce trafic mortifère.