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Alors que la planète célèbre la Journée Mondiale de l’Art ce 15 avril, instituée par l’UNESCO pour promouvoir la diversité artistique et honorer l’héritage de Léonard de Vinci, Haïti observe cette date dans le silence. Le pays, reconnu pour la richesse de sa culture et la vitalité de ses artistes, se retrouve marginalisé, pris en étau entre crise sécuritaire et effondrement des espaces d’expression.
Port-au-Prince, 15 avril 2025 – Autrefois haut lieu de création, le Champ de Mars, au cœur de Port-au-Prince, est aujourd’hui désert. Les sculptures en fer, les peintures vivantes et les tambours d’antan ont laissé place au fracas des armes et à la peur. « Avant, on exposait en plein air. Les gens venaient en famille. Maintenant, c’est l’exil », raconte Junior, sculpteur originaire de Croix-des-Bouquets. Comme lui, nombre d’artistes ont dû fuir ou se retrancher dans des ateliers précaires.
La crise actuelle dépasse les frontières de la capitale. Galeries fermées, écoles d’art abandonnées, festivals annulés : l’art haïtien est en sursis. Et avec lui, une jeunesse privée de repères. Dans un pays où l’art était à la fois mémoire, cri et refuge, les jeunes créateurs manquent désormais d’espaces, de mentorat et de perspectives.
Malgré tout, une résistance artistique persiste. Discrète, numérique, clandestine parfois. Les murs des quartiers parlent, les réseaux sociaux deviennent scènes d’exposition, et les ateliers de fortune continuent de donner vie à une parole artistique en mutation.
En ce 15 avril, l’art haïtien ne demande ni fleurs ni célébrations. Il réclame un espace sûr, une reconnaissance durable, et le droit d’exister dans la lumière. Car aucune société ne peut se reconstruire sans culture, sans mémoire, sans beauté.
Martino Cadet
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