Un rapport explosif de l’Unité de lutte contre la corruption (ULCC), publié ce jeudi 8 mai 2025, met au jour une vaste affaire de corruption au sein de l’Office de la protection du citoyen (OPC), impliquant l’ancien protecteur du citoyen, Renan Hédouville. Entre 2019 et 2024, au moins 16,5 millions de gourdes auraient été détournées sous couvert de missions officielles jamais effectuées. Sur 17 voyages internationaux programmés pour les exercices fiscaux 2022-2023 et 2023-2024, dix n’auraient jamais eu lieu, malgré des décaissements importants du Trésor public pour couvrir les billets d’avion et les per diem.
L’enquête de l’ULCC, déclenchée à la suite d’une plainte formelle de l’Organisation des citoyens pour une nouvelle Haïti (OCNH), révèle un système de fraude bien organisé. Plusieurs cadres de l’OPC — Régine Hédouville, Juliana Simplice Thomas, Mimose Moyard, Jean Jolin Dodier, Hugues Narcisse et Tex Willer Celafoi Louis — auraient indûment profité de fonds publics dans le cadre de missions fictives ou sans lien avec le mandat de l’institution. Certaines destinations, comme New York ou Atlanta, ont été prétextées pour assister à des événements religieux, en total décalage avec les missions de l’OPC.
Au cœur du dispositif, l’Agence Sans Souci aurait émis des billets d’avion pour ces déplacements fictifs sans contrat formel ni appel d’offres, en violation flagrante de la loi sur les marchés publics. Sa directrice, Marie France Petoia, a reconnu entretenir des liens privilégiés avec Renan Hédouville depuis avant sa nomination, facilitant ainsi la mobilisation de plus de 7 millions de gourdes pour des services jamais fournis.
Malgré les nombreuses tentatives de l’ULCC pour auditionner l’ancien protecteur du citoyen, ce dernier aurait refusé de coopérer, usant de manœuvres judiciaires dilatoires. Il fait désormais l’objet d’un avis de recherche. L’ULCC recommande la mise en mouvement de l’action publique contre toutes les personnes citées, pour détournement de biens publics, abus de fonction, passation illégale de marchés publics et entrave à la justice.
Ce scandale relance le débat sur la gouvernance des institutions publiques et appelle à un audit approfondi de la gestion passée de l’OPC.