Dans une révélation alarmante, l’ancien Premier ministre haïtien Jean Max Bellerive a déclaré que les gangs armés extorquent entre 60 et 80 millions de dollars par an grâce à des postes de péage illégaux installés sur les routes nationales. Lors d’une interview diffusée sur les réseaux sociaux le mardi 13 mai 2025, l’ex-chef du gouvernement a souligné que cette manne financière confère aux gangs une autonomie dangereuse, renforçant leur capacité à semer la terreur.
Interviewé par la chaîne YouTube Te Lo Diego, Bellerive a expliqué que ces revenus, combinés à ceux issus du trafic de drogue, d’armes, de munitions et même d’organes, font des gangs une menace majeure pour Haïti, notamment dans les départements de l’Ouest, du Centre et de l’Artibonite.
« Ces groupes ne sont plus de simples bandits, mais des entités structurées, financièrement indépendantes et extrêmement violentes », a-t-il affirmé, soulignant que leur influence dépasse désormais les frontières haïtiennes.
L’ex-Premier ministre a lancé un avertissement aux autorités dominicaines, les exhortant à ne pas sous-estimer la menace :
« Les gangs haïtiens représentent un danger non seulement pour Haïti, mais aussi pour la République dominicaine. Ils ont déjà détruit la paix en Haïti, et rien ne garantit qu’ils ne tenteront pas d’étendre leur emprise de l’autre côté de la frontière », a-t-il ajouté.
Une police dépassée, une mission internationale inadaptée
Bellerive a également pointé du doigt l’incapacité de la Police nationale d’Haïti (PNH), affaiblie par un manque d’effectifs et de moyens, à endiguer le phénomène. Concernant la Mission multinationale de soutien à la sécurité (MSS), il estime que ses troupes ne sont pas préparées à faire face à une crise d’une telle complexité.
Victime lui-même de l’insécurité — il a dû fuir son quartier sous la pression des gangs —, l’ancien Premier ministre plaide pour une refondation de l’État haïtien, capable de rétablir les services de base, de réduire la précarité et d’éradiquer la violence des gangs.
« Sans un État fort et légitime, aucune solution durable ne sera possible », a-t-il averti, appelant à une mobilisation régionale et internationale face à cette crise multidimensionnelle.
Les révélations de Jean Max Bellerive soulignent l’ampleur du défi : les gangs ne se contentent plus de semer la terreur — ils se sont désormais mués en véritables entreprises criminelles transnationales.