Le corps sans vie de Rolandine, une adolescente de 17 ans qui avait été portée disparue depuis le 18 mai 2025, a été retrouvé dans la matinée du mardi 20 mai, dans un jardin à Limbé, dans le département du Nord. La jeune fille présentait d’horribles mutilations : son cœur et ses reins avaient été prélevés. Ce crime barbare, qui plonge sa famille dans une douleur indescriptible, a profondément choqué la population locale et ravivé les craintes liées à un trafic d’organes de plus en plus évoqué dans le pays.
Ce drame vient renforcer les soupçons autour de l’existence d’un réseau structuré de trafic d’organes en Haïti. Moins de deux mois auparavant, l’hôpital Sacré-Cœur de Milot avait déjà été cité dans une affaire similaire. Le Réseau haïtien des journalistes anti-corruption (RHAJAC) avait adressé une correspondance à la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ), dénonçant un réseau criminel opérant sous la couverture du commerce d’anguilles, utilisé comme façade pour dissimuler des activités illégales.
Selon les informations recueillies par le RHAJAC, des personnalités politiques seraient impliquées dans ce trafic, notamment l’ancien sénateur Moïse Jean-Charles, accusé d’avoir facilité les opérations du réseau à travers des transactions douteuses impliquant le ministère de l’Agriculture. Des opérateurs comme Betty Lamy, Walson Sanon et Fritz Richardson auraient bénéficié de ces arrangements. Le ministre de l’Agriculture en fonction, Vernet Joseph, aurait, selon ces accusations, été placé à son poste grâce à l’influence de Moïse Jean-Charles.
L’hôpital de Milot est présenté comme un point névralgique du réseau, notamment après la disparition inexpliquée d’une employée, Isemelie Joisil, ainsi que plusieurs témoignages accablants de familles affirmant que leurs enfants ont été victimes de prélèvements d’organes illégaux. Malgré la gravité des faits et les signalements répétés, les autorités judiciaires n’ont toujours pas réagi officiellement.
Le RHAJAC continue de réclamer une enquête rigoureuse, insistant sur le fait qu’il s’agit d’une réalité alarmante, et non d’une simple rumeur.
Une vidéo préenregistrée, diffusée par le Secrétaire général du RHAJAC, Djovany Michel, donne la parole à la famille de Rolandine. On y entend ce cri du cœur :
« Aujourd’hui, c’est la famille de Rolandine qui pleure. Demain, ce pourrait être celle de Jacques, de Pierre ou de François. Tant que nous restons silencieux face à l’horreur, tant que l’impunité règne et que les responsables se cachent derrière leurs titres et leurs alliances, personne n’est à l’abri. Si nous ne nous levons pas pour combattre ce fléau, ce n’est pas seulement notre dignité que nous perdrons, mais notre humanité tout entière. »