Ankèt

Artibonite : une vingtaine de civils massacrés à Préval par un groupe d’autodéfense

La terreur a une fois de plus frappé l’Artibonite. Le mardi 20 mai 2025, un massacre d’une rare cruauté a endeuillé la section communale de Préval, dans la commune de Petite-Rivière de l’Artibonite. D’après les informations recueillies par TripFoumi Enfo, environ une vingtaine de personnes ont été assassinées par un groupe armé connu sous le nom de « Coalition », un regroupement d’autodéfense actif dans la région.

Le bilan humain est extrêmement lourd. Selon des sources concordantes, plus de cinquante personnes auraient été tuées ou grièvement blessées lors de cette attaque. La plupart des victimes ont été tuées à l’arme blanche, souvent à coups de machette, puis décapitées. Plusieurs corps ont été jetés dans le fleuve Artibonite ou entassés sans ménagement.

Ce bain de sang aurait été une réponse à l’assassinat de Hudlet Charles, un jeune membre influent de « Coalition », tué sur sa plantation par des membres du gang « Gran grif » de Savien. Ces derniers ont revendiqué publiquement leur acte. Cependant, au lieu de riposter directement à Savien, « Coalition » aurait choisi de faire payer la population de Préval. C’est du moins ce qu’a dénoncé la journaliste Bertide Horace, dans des propos rapportés par Le Nouvelliste.

Derrière le nom « Coalition » se cache un groupe armé formé il y a un peu plus de six ans à Jean-Denis. À l’origine, il s’agissait d’un mouvement d’autodéfense visant à repousser les incursions des gangs « Gran grif » et « Kokorat san ras », venus des zones voisines. Rapidement, la Coalition s’est implantée dans tout le Bas-Artibonite en recrutant localement. À ses débuts, elle bénéficiait du soutien d’une frange de la population et même de membres de la diaspora, qui voyaient en elle un rempart contre la criminalité. Certaines sources rapportent que la Police nationale d’Haïti et le système judiciaire faisaient parfois appel à ses services. Mais, au fil du temps, ce groupe a perdu son ancrage populaire et s’est transformé en une force armée brutale, imposant sa loi par la terreur.

Parmi les victimes de cette dernière attaque figurent le pasteur Jacques Brutus, connu sous le nom de Pa Billy, âgé de 86 ans, ainsi qu’une quinzaine de fidèles de l’Église Baptiste Maranatha, un édifice emblématique de la Mission Union Évangélique Baptiste d’Haïti (UEBH). Tous ont été tués à l’intérieur même de l’église, certains décapités. Des sources locales évoquent une scène d’horreur indescriptible : « Le sang coule partout à Préval », ont-elles confié.

Ce drame met en lumière l’extrême vulnérabilité des zones rurales de l’Artibonite, prises en étau entre des gangs armés et des groupes d’autodéfense qui, au nom d’une justice populaire, deviennent eux-mêmes les bourreaux de populations innocentes.

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