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Haïti – Politique : Smith Augustin, figure controversée d’un pouvoir en transition gangrené par l’impunité

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Inculpé pour corruption, Smith Augustin demeure au cœur du Conseil Présidentiel de Transition. Un symbole d’impunité dans une transition censée incarner le changement.

Port-au-Prince, 1er juillet 2025 – Malgré son inculpation par l’ULCC pour corruption et son éviction de la présidence tournante du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), Smith Augustin continue de bénéficier des privilèges de l’État haïtien, protégé de toute poursuite judiciaire. Derrière son profil d’intellectuel formé à l’étranger, se dessine aujourd’hui l’image d’un homme fort du système, opaque et intouchable.

Titulaire d’une licence en philosophie et sciences sociales (Intec, 2009) et d’un master en droit international des droits fondamentaux (Université de Nantes, 2013), Smith Augustin a poursuivi des études doctorales en sociologie à l’Université Laval au Québec, où il a également exercé comme assistant-professeur (2014–2020).

Son parcours diplomatique s’est renforcé lorsqu’il devient ambassadeur d’Haïti en République dominicaine (2020–2022), après avoir été officier national des droits de l’homme aux Nations Unies (2009–2014). Il a notamment participé aux discussions bilatérales sur le canal de la rivière Massacre.

Une ascension politique entachée par des accusations graves

En 2024, dans un contexte de vide institutionnel, il est désigné membre du CPT en tant que représentant du regroupement Compromis historique RED/EDE. Mais quelques mois plus tard, son nom est éclaboussé par un scandale. Selon Raoul Pascal Pierre-Louis, président du conseil d’administration de la Banque nationale de crédit (BNC), Smith Augustin aurait exigé, avec deux autres conseillers (Louis Gérald Gilles et Emmanuel Vertilaire), un pot-de-vin de 100 millions de gourdes pour conserver son poste.

Malgré ces accusations, Augustin nie les faits, crie au complot politique et poursuit son accusateur en justice, tout en refusant de répondre aux convocations du juge d’instruction Benjamin Félismé. Il s’abrite derrière l’article 185 de la Constitution, qui protège les membres de l’Exécutif.

Le 2 octobre 2024, un rapport accablant de l’ULCC confirme les soupçons. Le CPT réagit symboliquement en modifiant la présidence tournante, qu’il cède à Leslie Voltaire, sans toutefois écarter Augustin du Conseil.

L’impunité comme norme institutionnelle

Le 19 février 2025, la Cour d’appel de Port-au-Prince annule les mandats de comparution, jugeant le magistrat incompétent. Une décision que l’avocat Samuel Madistin qualifie de « victoire à la Pyrrhus », rappelant que les conseillers restent poursuivables après leur mandat.

En attendant, Smith Augustin reste discret mais actif, opérant depuis l’arrière-scène du pouvoir. Selon le RNDDH, chaque conseiller du CPT coûte à l’État près de 10 millions de gourdes par mois, dont 4,5 millions pour des frais de renseignement, sans justification claire.

Le maintien de Smith Augustin au sein du CPT, malgré les accusations et le rapport de l’ULCC, reflète une transition politique en faillite morale. Censée rompre avec les pratiques du passé, elle en perpétue les logiques : opacité, clientélisme, impunité.

Dans un pays en quête de rupture, le cas Smith Augustin met à nu l’impuissance de la justice et la résilience d’une élite politique à l’abri de toute reddition de comptes. Il incarne la banalisation de la corruption au sommet de l’État haïtien et l’obstacle majeur à toute véritable refondation démocratique.

Judelor Louis Charles
VANT BÈF INFO (VBI)

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