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Alors que les réseaux sociaux s’enflamment autour d’un différend opposant T-Vice, Klass et Kreyol La, le vétéran de l’industrie musicale Fred Lizaire et plusieurs autres figures de proue du milieu lancent un vibrant appel à la paix, au respect et à l’unité dans la Haitian Music Industry. Un geste rare et salutaire dans un moment tendu.

La Haitian Music Industry (HMI) traverse une période de turbulences médiatiques, marquée par une montée de tensions entre plusieurs figures phares du konpa. Une polémique virale, dont les échos résonnent essentiellement sur TikTok, YouTube et Facebook, oppose ces derniers jours Jean Herard Richard dit Maestro Ritchie (KLASS) à Joseph Zenny dit Ti Joe (Kreyol La), avec en toile de fond l’implication des frères Roberto et Reynaldo Martineau du groupe T-Vice.
La genèse du bras de fer
Tout est parti de vidéos circulant sur les réseaux sociaux, où Ritchie aurait adressé des propos critiques, voire offensants à l’encontre de Tjoe. Ce dernier, dans un Facebook Live très commenté sur l’émission “Randevou Konpa”, a tenu à répondre avec fermeté, dénonçant un manque de respect et appelant à un recentrage sur les valeurs artistiques. YouTube, TikTok et Facebook sont donc devenus les principaux théâtres de ce bras de fer, regorgent de vidéos et de commentaires passionnés.
La tension s’est cristallisée à la suite d’une déclaration pour le moins provocante de Reynaldo Martineau, claviériste du groupe T-Vice, qui s’est publiquement vanté d’avoir déconnecté le groupe Klass lors d’un bal. Selon ses propos relayés sur les réseaux sociaux, il aurait empêché les musiciens de Klass de tester la sonorisation, tout en se réjouissant de son geste depuis sa chambre d’hôtel. Une sortie perçue comme une bravade technique, voire un sabotage assumé, qui a profondément choqué les fans et les acteurs du milieu.
Maestro Ritchie, outré par cette action jugée mesquine et irrespectueuse, a vivement réagi. Il a dénoncé une atteinte à la dignité de son groupe et à ce qu’il représente dans la musique haïtienne. Le leader de Klass est allé plus loin, déplaçant le débat sur le terrain sociologique, en évoquant des tensions liées à la classe sociale et à la couleur de peau, éléments rarement abordés publiquement dans la HMI. C’est dans ce contexte chargé qu’il s’en est aussi pris à Ti Joe Zenny de Kreyol La, avec qui des tensions couvaient déjà.
Le lead vocal de Kreyol La, souvent critique du positionnement de Klass dans les bals, a profité de l’occasion pour rappeler que le groupe dirigé par Ritchie refusait systématiquement d’ouvrir les soirées, exigeant toujours de jouer en dernier. Ti Joe milite pour une répartition plus équitable, où chaque groupe pourrait alterner l’ouverture et la clôture des événements, sans qu’aucun ne soit privilégié. Ces divergences, jusque-là contenues dans les coulisses, ont ainsi explosé au grand jour, propulsées par les réseaux sociaux et relayées sans filtre par les fans.
Fred Lizaire : une voix d’expérience qui appelle à la raison
C’est dans ce climat électrique qu’est intervenu Fred Lizaire, technicien, producteur, organisateur de festivals, ancien manager de King Posse, et co-animateur historique de l’émission Platform Magik 9. Véritable pilier de la HMI depuis 1988, il a pris la plume pour adresser une lettre ouverte pleine de sagesse et d’émotion aux artistes concernés. « Ce que j’ai appris au fil du temps, c’est que les divisions affaiblissent toujours la grandeur de ce que nous avons bâti. »
Dans ce message sobrement intitulé “Halte-là”, Fred Lizaire, loin de juger ou de prendre parti, en appelle à la responsabilité des maestros Ritchie, Ti Joe, Roberto et Reynaldo, mais aussi à l’ensemble de la communauté musicale. Il les exhorte à dépasser les querelles éphémères pour renouer avec l’esprit de fraternité, de respect mutuel et de transmission intergénérationnelle. « Vous êtes les piliers de notre génération musicale. Des modèles pour tant de jeunes artistes qui vous écoutent, vous observent, vous admirent. »
Cette querelle peut être un moment décisif pour la HMI
La polémique actuelle reflète aussi une évolution du paysage médiatique. La HMI se livre désormais autant dans les studios que sur les réseaux, avec des conséquences directes sur l’image des artistes et l’unité du secteur. Entre fans divisés, propos viraux et absence de médiation officielle, les différends s’exacerbent dans l’espace numérique. C’est pourquoi le message de Fred Lizaire sonne comme un rappel aux fondamentaux : l’unité, la grandeur collective, et le devoir de construire un héritage durable pour la jeunesse. « Il y a plus de puissance dans un appel à l’unité que dans un conflit stérile. »
Que restera-t-il de cette séquence ? Si les médias formels restent encore silencieux, la communauté artistique et les mélomanes observent, commentent, se positionnent. L’intervention de Fred Lizaire, saluée par de nombreux internautes, pourrait bien ouvrir un espace de dialogue, et ramener l’attention sur l’essentiel : la musique comme langage de paix, de transmission et d’élévation.
À suivre de près : les prochaines vidéos, éventuels messages de réconciliation, ou prises de parole de médiateurs culturels. Car, comme le dit si bien Fred Lizaire, « Nemours Jean-Baptiste serait content » de voir ses héritiers faire triompher la musique au-dessus des querelles.
Wandy CHARLES
Vant Bef Info (VBI)
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