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L’arrestation de l’homme d’affaires haïtien Pierre Réginald Boulos, interpellé le 16 juillet par les services d’immigration américains (ICE) à Boca Raton, en Floride, a ravivé un débat stratégique : les États-Unis pourraient-ils engager une offensive ciblée contre des politiciens, hauts fonctionnaires et membres de la bourgeoisie haïtienne soupçonnés de liens avec les gangs ?

Un scénario de plus en plus plausible
Port-au-Prince, 19 juillet 2025 – À première vue, l’hypothèse paraît provocatrice. Mais dans un contexte où Washington durcit sa politique migratoire et intensifie ses sanctions contre la corruption transnationale, l’idée d’un tournant sécuritaire prenant pour cible certaines figures influentes d’Haïti n’est plus totalement théorique. Les signes d’un changement de cap sont déjà visibles : suspension de visas, sanctions financières, expulsions discrètes et renforcement des coopérations judiciaires dans la région.

Pour mieux cerner les enjeux, Vant Bèf Info a recueilli l’analyse de Fritzner Fleurant, politologue haïtien spécialisé en relations internationales.
Entre justice transnationale et perception d’ingérence
Pour M. Fleurant, une politique américaine visant explicitement des figures de l’élite haïtienne soupçonnées de soutenir les gangs marquerait une rupture.
« Cela pourrait être perçu comme un geste fort contre l’impunité, et comme une forme de justice transnationale. Mais si cette politique semble sélective ou motivée politiquement, elle risque d’aggraver la méfiance envers les États-Unis », prévient-il.
Une telle stratégie, selon lui, ne peut fonctionner que si elle s’inscrit dans un cadre multilatéral clair, impliquant des institutions comme l’ONU, la CARICOM, l’OEA et le système judiciaire haïtien.
Un potentiel levier de changement… sous conditions
Dans un pays marqué par la violence armée, le clientélisme et la corruption, une politique de sanctions ciblées pourrait envoyer un signal fort.
« L’arrestation d’un ancien ministre ou d’un homme d’affaires pour ses liens avec des gangs serait un choc salutaire. Cela prouverait que même les puissants peuvent rendre des comptes », affirme le politologue.
Il estime que cette dynamique pourrait favoriser un rééquilibrage moral du champ politique haïtien, en affaiblissant certains réseaux toxiques et en restaurant la crédibilité des institutions publiques, à condition qu’elle soit accompagnée d’un soutien structuré à la justice haïtienne.
Les limites d’une stratégie unilatérale
Mais les risques sont tout aussi réels. Une telle politique pourrait être interprétée comme une nouvelle forme d’ingérence, ou déclencher des représailles violentes, notamment si les chefs de gang se sentent menacés par l’arrestation de leurs parrains.
« Un chef de gang devient plus dangereux quand il comprend que son protecteur à l’étranger a été neutralisé. S’il n’y a pas de plan de sécurité intégré pour encadrer cette transition, on risque l’escalade », avertit M. Fleurant.
Justice ou symbole ?
Au-delà des arrestations, l’enjeu est plus large. Cette éventuelle « traque ciblée » questionne la volonté réelle de la communauté internationale d’agir contre l’impunité en Haïti, et de rompre avec une diplomatie des déclarations sans suite.
Judelor Louis Charles
Vant Bèf Info (VBI)
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