Nouvèl ak Analiz

L’Artibonite, grenier national en décomposition sous l’œil impassible des autorités

Vant Bèf Info (VBI). Vant Bèf Info (VBI) – vien de publier cet article

Longtemps considérée comme le grenier d’Haïti, la vallée de l’Artibonite est aujourd’hui le théâtre d’une spirale de violence et d’abandon. Jadis symbole de productivité agricole et d’autonomie vivrière, la région s’enfonce dans le chaos, livrée aux mains de groupes armés dans un silence glaçant de l’État haïtien.

Artibonite, 20 juillet 2025 – Les récentes attaques survenues à Marchand-Dessalines, Petite-Rivière et L’Estère, attribuées aux gangs Kokorat San Ras et Gran Grif, ont fait des dizaines de morts, provoqué des blessés graves et entraîné l’exode massif de milliers de résidents. Fermes incendiées, écoles fermées, marchés désertés : c’est tout le tissu économique et social de la région qui s’effondre.

« C’est tout un patrimoine qui est en train de disparaître. Des terres fertiles sont brûlées, des jeunes contraints à fuir ou à rejoindre les rangs des bandes armées », témoigne un agronome local, visiblement bouleversé.

Les agriculteurs pris au piège

Dans cette vallée qui concentre la majorité de la production nationale de riz, les cultivateurs n’osent plus accéder à leurs terres. Menacés d’enlèvement ou d’exécution, beaucoup ont fui vers Port-au-Prince ou des zones moins exposées.

« Nous ne pouvons plus nous rendre dans nos champs. Les bandits s’y installent et kidnappent ceux qui s’y aventurent pour exiger des rançons », confie un agriculteur déplacé, contraint d’abandonner ses récoltes et son gagne-pain.

Silence, impuissance ou complicité de l’État ?

Malgré les cris d’alarme lancés depuis des mois, aucune réponse structurée n’a été apportée par les autorités haïtiennes. La Police Nationale, déjà dépassée dans l’aire métropolitaine, peine à maintenir une présence dans cette région stratégique.

Certains citoyens pointent du doigt une passivité suspecte, voire une complicité tacite de l’appareil politique. D’autres évoquent une stratégie de démantèlement du pouvoir rural, dans une lutte silencieuse pour le contrôle du territoire et de ses ressources.

Une désintégration méthodique du socle agricole

En avril 2024, le Programme Alimentaire Mondial (PAM) recensait plus de 5 000 hectares de terres agricoles abandonnées dans l’Artibonite, en raison de l’insécurité. À son apogée, la vallée cultivait près de 28 000 hectares de riz, garantissant une part importante de la sécurité alimentaire du pays.

Depuis octobre 2022, les signaux d’un effondrement progressif du contrôle de l’État dans la région se multiplient. Pillages, incendies, exécutions sommaires, déplacements de population… tout laisse penser que l’Artibonite est prise en otage.

Tandis que le gouvernement multiplie les démarches diplomatiques à l’étranger, les racines mêmes de la nation sont attaquées et laissées sans défense.

Jean Gilles Désinord
Vant Bèf Info (VBI)

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