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Alors qu’Haïti traverse une crise politique, économique et sécuritaire sans précédent, les échanges commerciaux avec la République dominicaine affichent une vigueur étonnante. Les exportations dominicaines vers Haïti ont bondi de 30 % au premier semestre 2025. Une dynamique qui illustre la forte dépendance du pays envers son voisin oriental.
République dominicaine, le 20 juillet 2025.-Les échanges entre Haïti et la République dominicaine défient la crise. D’après les chiffres préliminaires publiés par la Direction générale des douanes (DGA), les exportations dominicaines vers Haïti ont atteint 555,46 millions de dollars entre janvier et juin 2025, soit une hausse annuelle de 30 % par rapport à la même période en 2024.
Ce chiffre contraste fortement avec la situation interne d’Haïti, marquée par un effondrement institutionnel, une insécurité généralisée et une économie fragilisée. Pourtant, ces conditions n’ont pas freiné les flux commerciaux, au contraire.
Le rapport de la DGA souligne que 67,39 % des exportations sont issues du régime national, en progression de 51,7 %, tandis que les zones franches représentent 25,22 %, en recul de 12,22 %. Les régimes d’admission temporaire (3,76 %) et de réexportation (3,62 %) affichent également des augmentations notables, la réexportation ayant bondi de 163,62 %.
Cette tendance confirme la forte dépendance économique d’Haïti vis-à-vis des produits dominicains, en particulier pour des biens de consommation de base.
Les produits les plus exportés dans le cadre du régime national comprennent notamment :
Le ciment hydraulique (38,88 M$, +74,38 %),
Les barres de fer ou d’acier (35,75 M$, +564,47 %),
L’huile de soja (27,24 M$, +87,75 %),
La farine de blé, les sauces prêtes à l’emploi, les produits de boulangerie, les pâtes, les articles en plastique et les eaux sucrées.
Dans les zones franches, le commerce reste dominé par le secteur textile. Les t-shirts représentent à eux seuls 48,93 millions de dollars, soit près de 35 % des exportations de ce régime. S’y ajoutent des tissus en coton, des matériaux recyclés et des ficelles ou cordages.
Mais si les exportations vers Haïti explosent, les importations dominicaines en provenance du pays voisin s’effondrent. Elles ne totalisent que 4,38 millions de dollars au premier semestre 2025, soit une chute de -54,27 %. La quasi-totalité (91,71 %) de ces produits vient des zones franches.
Haïti exporte principalement des t-shirts, des chiffons textiles, de l’alcool éthylique non dénaturé, des tissus de coton et des pesticides. Les t-shirts concentrent près de 73 % des importations en provenance des zones franches, confirmant le rôle majeur des maquiladoras haïtiennes dans ce segment.
Ce déséquilibre est frappant. La République dominicaine fournit des produits alimentaires, industriels et de masse. Haïti, lui, peine à maintenir un volume d’exportation significatif, limité à des niches vulnérables du textile.
Ce déséquilibre structurel souligne non seulement la dépendance économique d’Haïti, mais aussi les défis pour la République dominicaine, en matière de sécurité frontalière, de résilience commerciale et de gestion diplomatique.
Malgré les fermetures intermittentes de la frontière, les tensions diplomatiques et la fragilité de l’État haïtien, les échanges ne se sont pas arrêtés. Les chiffres témoignent d’une interdépendance économique inévitable.
Mais cette relation, aussi intense soit-elle, reste suspendue au contexte régional. La stabilité politique, la sécurité et la gouvernance en Haïti joueront un rôle crucial dans la pérennité de ce commerce transfrontalier.
Yves Manuel
Vant Bef Info ( VBI)
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