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Le Bureau des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) tire la sonnette d’alarme. Dans un communiqué publié ce mercredi 30 juillet 2025, l’agence onusienne dénonce l’impact catastrophique de la suspension des financements internationaux — notamment ceux des États-Unis — sur la réponse humanitaire en Haïti.
Port-au-Prince, 30 juillet 2025 —
Depuis la décision de Washington, en janvier dernier, de geler ses contributions via l’USAID, la majorité des services d’assistance sur le terrain ont été interrompus. Selon OCHA, plus de trois millions de personnes sont aujourd’hui privées d’aide, dans un pays déjà ravagé par la violence, la faim et l’effondrement des institutions.
« Ce retrait soudain équivaut à une rupture du contrat moral envers les plus vulnérables », déplore l’agence, qui dénonce un abandon silencieux de la communauté internationale.
Moins de 10 % du financement mobilisé
Le Plan de réponse humanitaire 2025 pour Haïti, chiffré à 908 millions de dollars, n’est financé qu’à hauteur de 8 %. Résultat : fermeture de centres de santé, suspension des transferts monétaires, arrêt des distributions alimentaires, et mise en veille des espaces sécurisés pour les femmes et les filles.
Les enfants paient un lourd tribut. Sur les 129 000 cas de malnutrition aiguë sévère recensés, moins de 4 % reçoivent un traitement, selon l’UNICEF. Les décès maternels en milieu hospitalier sont également en hausse, atteignant des niveaux « alarmants ».
Un effondrement multidimensionnel
OCHA souligne que la crise haïtienne est systémique :
- 5,7 millions de personnes souffrent d’insécurité alimentaire ;
- 1,3 million sont déplacées par les violences armées ;
- Le contrôle des gangs empêche l’acheminement de l’aide et isole des pans entiers du territoire.
La suspension des financements américains, actée par le décret présidentiel Executive Order 14169 signé le 20 janvier 2025 par Donald Trump, a paralysé 80 % des programmes soutenus par les États-Unis. Résultat : licenciements massifs, arrêt de projets de résilience, gel des aides en eau, santé, agriculture et éducation.
Un silence international inquiétant
Contrairement à la mobilisation suscitée par les catastrophes naturelles passées, la crise actuelle peine à susciter l’attention. Les ONG réduisent leurs opérations, contraintes de faire des choix déchirants dans les secteurs vitaux.
OCHA avertit : cette désaffection favorise l’explosion des violences sexuelles, le retour du travail des enfants, la déscolarisation massive et l’effondrement des droits fondamentaux, en particulier ceux des femmes.
Un appel à un sursaut mondial
« Chaque don, chaque geste de solidarité compte », plaide Modibo Traoré, chef du bureau de l’OCHA en Haïti, qui exhorte les bailleurs à réactiver les financements et à garantir un accès sécurisé aux zones contrôlées par les groupes armés.
Selon l’agence, Haïti se trouve à un point de bascule. Si rien n’est fait, 2025 pourrait marquer l’effondrement total de l’aide humanitaire dans le pays. Plus qu’une urgence, c’est désormais une crise morale de la solidarité internationale.
Judelor Louis Charles
Vant Bèf Info (VBI)
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