Le président salvadorien Nayib Bukele pourra désormais se représenter indéfiniment. C’est ce qu’autorise une réforme constitutionnelle adoptée jeudi 31 juillet 2025 par le Parlement, largement dominé par ses partisans.
Cette réforme, votée en procédure accélérée par 57 députés pro-Bukele contre seulement 3 voix de l’opposition, abolit la limite de mandats présidentiels. Elle supprime aussi le second tour de scrutin et prolonge la durée d’un mandat présidentiel de cinq à six ans.
Selon les nouvelles dispositions, le mandat en cours de Bukele prendra fin en 2027 au lieu de 2029, ouvrant la porte à une nouvelle candidature « sans réserves ». Une étape supplémentaire pour le chef d’État salvadorien, qui avait déjà réussi à contourner la Constitution pour briguer un second mandat en 2024, grâce à l’appui d’une Cour suprême acquise au pouvoir.
Nayib Bukele, 44 ans, jouit d’une immense popularité dans son pays, en grande partie grâce à sa guerre acharnée contre les « maras », ces gangs criminels qui ont longtemps semé la terreur au Salvador. Depuis 2019, ses politiques répressives ont permis de faire chuter le taux de criminalité à des niveaux historiquement bas, transformant l’image d’un des pays autrefois les plus violents du monde.
Mais ce succès sécuritaire a un coût. Depuis trois ans, l’état d’exception en vigueur permet les arrestations sans mandat. Près de 87 000 personnes accusées d’être liées aux gangs ont été incarcérées. Des ONG comme Cristosal et Socorro Jurídico alertent toutefois sur des dérives : elles estiment que des milliers d’innocents figurent parmi les détenus, et rapportent au moins 430 morts en prison.