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Haïti au sommet sur la pollution plastique : entre enjeux locaux et négociations mondiales

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À l’heure où s’achève la deuxième partie de la cinquième session du Comité intergouvernemental de négociation sur la pollution plastique (INC-5.2), réunie du 5 au 14 août au Palais des Nations, la présence d’Haïti, modeste mais significative, rappelle avec acuité la complexité des défis que le pays endure face à la pollution plastique.

AP/BEN CURTIS

Genève, 14 août 2025.– L’INC 5.2 a réuni près de 180 États, auxquels se sont associés des acteurs institutionnels majeurs comme le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE). Inger Andersen, directrice exécutive du PNUE, a alerté : « La pollution plastique est désormais omniprésente dans l’air, les océans et même dans nos corps », avant de souligner l’urgence absolue d’aboutir à un accord juridiquement contraignant.

Les négociations furent marquées par une forte dissension : d’un côté, des États producteurs de plastique, favorables à une posture axée sur le recyclage ; de l’autre, un bloc de pays exigeant des plafonds de production et l’interdiction de substances chimiques toxiques. Des organisations de la société civile ont dénoncé la domination des lobbyistes de la pétrochimie, trop présents aux côtés des délégués.

Haïti : les chiffres révèlent une crise structurelle

Bien loin d’être un simple observateur, Haïti est l’un des pays les plus vulnérables à la pollution plastique. Sur le plan local, la situation est alarmante : Le pays génère en moyenne 0,6 kg de déchets solides par habitant et par jour, soit environ 6 600 tonnes quotidiennes pour une population estimée à 11 millions. Seule une infime part de ces déchets est collectée par les organismes officiels dont les mairies et le SNGRS : le taux de collecte formelle est d’environ 12 %, laissant 5 808 tonnes de déchets par jour à l’abandon.

Chaideer Mahyuddin/AFP

À Port-au-Prince, principale métropole du pays, la collecte n’atteint pas 12 %, tandis que les déchets s’accumulent massivement dans les rues, canaux et ravines. Ce système de gestion défaillant contribue à l’aggravation des risques sanitaires. Les déchets plastiques servent de foyers pour les moustiques transmetteurs de maladies comme le choléra. L’association Plastic Bank, via des collecteurs rémunérés, joue un rôle essentiel pour limiter ces risques.

Des initiatives locales

Plastic Bank mobilise environ 3 500 collecteurs, répartis sur une vingtaine de marchés du recyclage à travers Haïti. Certains entrepreneurs recyclent jusqu’à 200 000 livres de plastique par mois ; après salaires et charges, les bénéfices nets peuvent atteindre 3 000 USD. Ces initiatives montrent qu’une économie circulaire basée sur l’inclusion sociale est viable, mais leur portée reste limitée par un manque de financement et de soutien structurel.

La participation haïtienne à INC-5.2 envoie un signal important : la pollution plastique est autant un défi local qu’un enjeu global. Il est impératif que le futur traité intègre des mécanismes de soutien financier et technique dédiés aux pays en développement, et valorise les initiatives locales exemplaires comme celles d’Haïti.

Alors que les négociations internationales sur la pollution plastique atteignent leur terme, la réalité haïtienne, marquée par des infrastructures fragiles et des initiatives citoyennes résilientes, doit être pleinement intégrée aux décisions globales. Car c’est au cœur des pays les plus exposés que doivent prendre racine les solutions durables, solidaires et équitables.

Came Stefada Poulard
Vant Bef Info (VBI)

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