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Voilà ce que ça donne dans un pays qui n’en est plus un, un asile de fous, que dis-je, un foutoir, un charnier où on tue la jeunesse, éteint l’espoir, annihile l’avenir.
Port-au-Prince.— Zamy Wanderson, pour bien retenir le nom et l’image: un parcours scolaire exemplaire chez les frères du Sacré-Coeur. De Saint-Jean l’Évangéliste au collège Canado-Haïtien. Gradué à peine comme le veut la tradition pour couronner la fin du cycle secondaire, il attendait ses résultats du bac.
Mais il n’en saura jamais rien. Parce qu’il a été assassiné, cadavéré, supprimé tout simplement dans la jungle, le charnier.
Cela n’arrive que dans un charnier justement oú un certain agent de sécurité affamé, mal foutu, mal fagoté, et à qui, malgré tout ça, on confie une arme à feu dont il se sert “à hue et à dia”. “Genre gangster, bandit”.
Ce charnier, n’est plus qu’un terrier de bandits de toute façon. Mais qu’importe, dans une jungle, il y a quand même une loi: celle du plus fort certes, qui garantit tout au moins sa pérennité, car la vie y est préservée dans une certaine mesure.
Zamy Wanderson, c’était l’un de mes élèves préférés au Canado-Haïtien, trois ans durant. Et il vient d’être sacrifié par la bêtise haïtienne, l’ignorance, l’incompétence d’un ensemble d’hommes et de femmes dont la seule et unique mission est, semble-t-il, de briser les rêves, de détruire l’avenir et d’anéantir entièrement cette Haïti. Car, il faut bien dire ce qu’il en est si vous n’êtes pas foutus de sortir le pays de la merde ou même de garantir la vie à la jeunesse, à un jeune plein de projets comme Zamy, prêt à affronter les affres d’une société qui ne lui a pas laissé beaucoup de choix mais à qui l’avenir souriait de bon gré.
Je suis profondement désenchanté, désarçonné, dépité. Ma colère est immense et j’en veux au monde entier. J’en veux aux dirigeants haïtiens, aux politiques merdiques et mal foutus eux aussi dans leur folie et leur dérive indépassables. J’en veux au peuple haïtien tout entier.
J’en veux à moi-même de n’être pas assez fort et de ne pas être Boukman, Gabart, Dessalines, Christophe… Et vous, je vous vois. Je vous regarde. Je vous observe. Je vous sens nuls, inutiles, inertes, veules et totalement indifférents. Tout peuple dans un tel état est appelé à disparaître.
Aujourd’hui, il importe de savoir si nous sommes tous d’accord pour vivre dans ce pays devenu notre tombeau à tous où la vie, la mort ne veulent plus rien dire? Est-ce que nous sommes tous d’accord pour continuer de vivre comme des zombies qui avalent de bon cœur leurs couleuvres et se satisfont de leur lugubre sort?
Ou au contraire, allons-nous choisir plutôt de dire une parole de révolte qui puisse rendre justice aux parents de Zamy Wanderson, à ses camarades d’école, ses enseignants, à tous ceux-là qui ont envie de vomir sur les responsables de ce charnier?
Mes respects à ta mémoire Zamy Wanderson!!
Jackson Joseph
Vant Bef Info (VBI)
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