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Haïti : Des millions volatilisés dans l’ombre du renseignement

Vant Bèf Info (VBI). Vant Bèf Info (VBI) – vien de publier cet article

Tandis que la population haïtienne vit au rythme des exactions des gangs armés, les institutions en charge de la sécurité nationale peinent à justifier les milliards investis dans les services de renseignement. Entre mauvaise gestion, absence de résultats et opacité, les critiques se multiplient à l’égard du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) et de ses partenaires institutionnels.

Port-au-Prince, 21 août 2025 –

Officiellement chargé de restaurer l’autorité de l’État et de ramener l’ordre, le CPT semble aujourd’hui davantage préoccupé par la gestion de privilèges financiers que par la sécurité du pays. Selon un rapport récent du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), chaque membre du CPT perçoit une dotation mensuelle de 4 millions de gourdes liée notamment aux fonds d’intelligence, soit plus de 9 millions de gourdes alloués chaque mois à ces seuls conseillers, sans contrôle ni obligation de résultats.

Des budgets colossaux, peu de coordination

Le CPT n’est pas seul à disposer de fonds de renseignement. La Primature, le ministère de l’Intérieur, le ministère de la Justice et le haut commandement de la Police Nationale d’Haïti (PNH) bénéficient également de budgets spécifiques. Pourtant, aucune stratégie d’ensemble n’émerge. L’absence de coordination est flagrante.

Le Conseil Supérieur de la Police Nationale (CSPN), ne parvient pas à établir une synergie entre les organes de sécurité. Une désorganisation qui a récemment coûté la vie à deux agents du SWAT lors d’une opération à Kenscoff, le mardi 19 août, au cours de laquelle des drones kamikazes ont été utilisés. Un drame évitable, selon plusieurs observateurs, s’il y avait eu une planification adéquate.

Un silence assourdissant du côté de la Sécurité publique

Du côté du Secrétariat d’État à la Sécurité publique, l’inaction est tout aussi préoccupante. Mario Andresol, titulaire du poste, reste aux abonnés absents : aucun plan connu, aucune mesure forte, aucune communication publique rassurante. Le poste semble désormais symbolique, pendant que la situation sécuritaire ne cesse de se dégrader.

Des fonds détournés ou gaspillés ?

Alors que les écoles ferment, les hôpitaux fonctionnent au ralenti, et que l’eau potable comme l’électricité deviennent inaccessibles dans de nombreuses zones, la multiplication des lignes budgétaires consacrées au renseignement laisse planer de lourds soupçons. Ces fonds, censés appuyer la lutte contre les gangs et renforcer l’État, semblent aujourd’hui servir davantage à enrichir une élite politique qu’à protéger la population.

Une transition qui s’enlise

Dans un contexte où les gangs contrôlent de larges pans du territoire, où l’exode interne se poursuit et où l’accès aux services de base devient un privilège, la transition politique semble plus que jamais déconnectée des réalités du terrain. Le détournement des fonds de renseignement symbolise cette crise de gouvernance : absence de transparence, opacité des dépenses, inaction chronique.

Le peuple haïtien réclame des résultats, pas des justifications. Tant que les autorités éviteront les audits, fuiront la redevabilité et privilégieront l’intérêt privé sur l’intérêt général, la sécurité restera une illusion et la transition, une impasse.

Judelor Louis Charles
VANT BÈF INFO (VBI)

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