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Bazile Richardson, Américain d’origine haïtienne, face à la justice américaine pour avoir envoyé armes et fonds à « Barbecue »

Bazile Richardson, camionneur américain naturalisé d’origine haïtienne, ainsi que deux autres citoyens américains nés en Haïti, sont accusés d’avoir financé Jimmy « Barbecue » Chérizier, chef de la coalition terroriste « Viv ansanm », dans une tentative de renversement violent du gouvernement haïtien, comme l’a rapporté ce mardi 12 août 2025 un article du Miami Herald, consulté par TripFoumi Enfo.

Selon l’acte d’accusation d’un grand jury fédéral du district de Columbia, Richardson et deux autres co-conspirateurs auraient orchestré un vaste complot pour fournir armes et argent à l’un des chefs de gang les plus redoutés d’Haïti. Jimmy « Barbecue «  Chérizier, ancien policier, désormais à la tête de la coalition criminelle dénommée « Viv ansanm », alliance des groupes armés les plus puissants du pays.

Entre décembre 2020 et janvier 2025, Richardson aurait envoyé des dizaines de milliers de dollars en Haïti par le biais d’intermédiaires, pour financer les achats d’armes, de véhicules, ainsi que le paiement des salaires des membres du gang. L’homme, arrêté en juin 2025 à Houston, était sous enquête depuis 2022.

Le « G9 an fanmi e alye » s’est allié en 2024 avec d’autres gangs pour former « Viv ansanm », responsable de milliers de morts et du déplacement de dizaines de milliers de personnes. Cette coalition a aussi provoqué la démission du Premier ministre Ariel Henry, suite à une série d’attaques coordonnées à Port-au-Prince.

Richardson, qui se décrit comme un ami proche de Chérizier, a reconnu avoir des échanges réguliers avec le chef terroriste. Dans un message vocal transmis à un complice, il déclare : « J’ai grandi avec Barbecue, c’est comme un frère pour moi ». Conscient des risques, il affirme aussi qu’il sait que la prison ou la mort l’attend.

Malgré les sanctions américaines imposées à Chérizier depuis décembre 2020, Richardson et ses complices auraient poursuivi le financement des activités du gang. Ces sanctions visaient notamment le massacre de 2018 dans le quartier de La Saline, ainsi que d’autres attaques brutales.

Plus tôt cette année, le département du Trésor a désigné Chérizier comme terroriste international, et la coalition « Viv ansanm » comme organisation terroriste étrangère. Toute personne aidant ces groupes peut désormais être poursuivie pour terrorisme, avec des peines aggravées.

Entre septembre 2021 et mars 2024, des milliers de dollars ont été transférés des États-Unis vers Haïti, dont environ 49.000 dollars à certains moments, pour financer la « révolution » autoproclamée des gangs après l’assassinat du président Jovenel Moïse en 2021. Richardson a même rechargé le téléphone portable de Chérizier pour faciliter leurs communications. Dans plusieurs messages vocaux, les complices évoquent un plan pour collecter des fonds auprès des Haïtiens d’Haïti et de la diaspora, avec des objectifs précis : 20 dollars par personne pour mille Haïtiens à l’étranger, ou 5.000 gourdes chacun dans dix régions du pays. L’argent devait servir à acheter armes, pick-up, munitions, vêtements et équipements.

Un complice a promis à Richardson qu’il pourrait « servir dans le nouveau gouvernement » si la prise de pouvoir réussissait. Le réseau compte plusieurs complices basés aux États-Unis, notamment à New York, en Caroline du Nord et dans le Massachusetts, ainsi que cinq Haïtiens non identifiés, dont un s’est installé en Caroline du Nord.

Les transferts d’argent cherchaient à contourner la dépréciation de la gourde haïtienne en utilisant des comptes en dollars américains. Aucun des accusés n’a demandé les licences nécessaires aux autorités américaines pour ces opérations, selon l’acte d’accusation.

Cette affaire révèle l’ampleur des réseaux transnationaux qui nourrissent la violence en Haïti, bien au-delà des frontières. Plutôt qu’une simple action judiciaire, c’est un rappel brutal que la crise haïtienne puise ses racines dans des complicités multiples, à la fois à l’intérieur du pays et à l’étranger, où circulent armes et argent. Bazile Richardson et ses complices en sont un maillon, mais le combat pour la paix en Haïti reste loin d’être gagné.

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