Ankèt

Budget rectificatif 2024-2025 : quand 3,5 milliards servent à engraisser un Parlement cadavérique

Il est des décisions qui ne relèvent plus de l’incompétence, mais du mépris absolu. Le pouvoir intérimaire — ce conglomérat d’ambitieux sans légitimité — a adopté lundi 14 avril un budget rectificatif pour l’exercice 2024-2025. Un budget pompeusement qualifié de « budget de guerre », alors qu’il ne contient même pas les munitions pour affronter le chaos. Guerre ? Oui, mais contre le peuple, contre la logique, contre l’espoir.

Pendant que les cartels armés dictent leur loi de fer et de feu, pendant que les écoles ferment, pendant que des familles entières fuient leurs maisons incendiées par les gangs, que fait le gouvernement ? Il dote grassement… le Parlement ! Ce Parlement, cadavre institutionnel, qui ne siège plus depuis des années, héritera de la rondelette somme de 3,5 milliards de gourdes. Oui, trois milliards et demi pour engraisser un monstre mort, un zombie budgétivore sans existence fonctionnelle ni utilité nationale. Un Parlement sans parlementaires, mais avec un chèque.

Le ministère de la Justice ? Relégué au second plan, avec ses 39,2 milliards, soit à peine 12 % du budget, alors que les criminels paradent en plein jour. La Défense ? Jetée un os : 9,5 milliards, soit 2,9 %. Et que dire du ministère de l’Intérieur, censé coordonner les actions sur le terrain ? À peine 2,8 %. Mais le Sénat fantôme, lui, reçoit 1,7 milliard. Et la Chambre des députés inexistante, 1,8 milliard. Cherchez l’erreur.

Ce budget n’est pas une feuille de route : c’est un testament de faillite morale. Il prouve, s’il fallait encore le démontrer, que le Conseil présidentiel de transition et la Primature ne sont ni préoccupés par la sécurité ni soucieux du redressement national. Ils administrent la République comme un héritage à dilapider, et non comme une mission à accomplir. Le peuple attendait des actes : on lui sert des simulacres. Il réclamait des armes contre les gangs : on lui livre des discours creux et des détournements obscènes.

Ces dirigeants qui osent parler de gouvernance pendant que Port-au-Prince se transforme en champ de ruines, ces stratèges de pacotille qui prétendent embrasser l’éducation, les infrastructures, la sécurité alimentaire — alors qu’ils ne peuvent même pas marcher sans l’ombre menaçante des hommes en armes — ne méritent ni respect ni crédit. Qui trop embrasse, mal étreint. Et eux, ils n’étreignent rien. Ils s’enlacent entre eux dans le confort des fonds détournés et des institutions factices.

La vérité est brutale : ces hommes ne viendront jamais à bout de l’insécurité. Ils sont les enfants de ce désordre, les héritiers du chaos. Ils n’ont aucun intérêt à pacifier un pays qui, dans la tourmente, leur offre le pouvoir sans élections, l’impunité sans comptes à rendre.

Alors oui, qu’on le sache : ce n’est pas un budget de guerre.
C’est un budget de trahison.
Une capitulation chiffrée.
Une honte nationale inscrite noir sur blanc.

Et l’Histoire, elle, n’oubliera pas.

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