Le 25 avril 2025 prochain marquera le premier anniversaire de l’installation du Conseil présidentiel de transition (CPT) en Haïti. Porté par des promesses de stabilité et de renouveau démocratique, ce comité devait restaurer un semblant d’ordre après des années de crise politique et sécuritaire. Pourtant, dix mois plus tard, le bilan est accablant : luttes de pouvoir internes, absence de réformes significatives, et une insécurité qui s’aggrave jour après jour.
Un départ en fanfare, une crédibilité vite écornée
L’installation du CPT en avril 2024, sous l’égide de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) et avec l’aval de plusieurs acteurs internationaux, avait suscité un maigre espoir. Avec un conseil composé de neuf membres issus de divers horizons politiques, l’objectif affiché était clair : assurer une transition pacifique et organiser des élections transparentes.
Mais très vite, des querelles intestines ont éclaté, mettant en lumière un grave manque de cohésion. Des accusations de corruption visant trois membres du CPT ont éclaboussé l’institution et mis en péril sa légitimité. Lenteurs administratives, décisions contestées et opacité des processus ont fini par transformer ce conseil en une simple façade d’un pouvoir toujours aussi déconnecté des réalités du pays.
Un gouvernement instable et paralysé
La transition devait garantir une gouvernance apaisée. Or, en novembre 2024, le limogeage surprise du Premier ministre Garry Conille, remplacé par l’homme d’affaires Alix Didier Fils-Aimé, a plongé le pays dans une nouvelle tourmente politique. Ce changement brutal, au lieu de ramener la stabilité, a révélé les luttes d’influence au sein du CPT, chaque faction tentant d’imposer son agenda.
Le nouvel exécutif, rapidement englué dans des conflits de pouvoir, s’est révélé incapable de proposer des mesures concrètes pour améliorer le quotidien des Haïtiens. Pire encore, les tentatives de réformes ont été bloquées par des désaccords constants entre les membres du CPT, transformant l’administration en un champ de bataille politique stérile.
L’insécurité, un monstre incontrôlable
Pendant que le CPT se disputait, les gangs armés ont continué leur ascension fulgurante. En l’espace d’un an, ils ont renforcé leur emprise sur près de 80 % du territoire de Port-au-Prince, la capitale. Les affrontements entre factions criminelles ont causé la mort de plus de 150 personnes en une seule semaine en novembre 2024, selon un rapport des Nations unies.
L’État, dépassé et impuissant, n’a pas su restaurer l’ordre. En décembre 2024, le CPT a bien tenté d’obtenir un déploiement international de forces de sécurité, mais l’opération promise par le Kenya et d’autres pays partenaires s’est heurtée à des retards bureaucratiques et à un manque de coordination. Résultat : les Haïtiens continuent de vivre sous la menace constante des enlèvements, des assassinats et des déplacements forcés.
Des élections toujours hypothétiques
Le mandat principal du CPT était d’organiser des élections libres et transparentes pour rétablir un gouvernement légitime. Pourtant, à l’approche du second trimestre de 2025, cet objectif semble plus lointain que jamais.
L’absence de sécurité, le manque de consensus politique et la défiance généralisée envers le CPT ont transformé la question électorale en un simple mirage. Malgré des annonces répétées sur un éventuel calendrier électoral, aucune avancée concrète n’a été réalisée. Les observateurs s’accordent désormais à dire que des élections en 2025 sont peu probables, prolongeant encore la crise institutionnelle et la frustration populaire.
Un pays en dérive, un CPT discrédité
Après dix mois au pouvoir, le Conseil présidentiel de transition a échoué sur tous les fronts. Il n’a pas restauré l’autorité de l’État, il n’a pas freiné la montée de l’insécurité, et il n’a pas préparé le pays aux élections.
Face à ce bilan désastreux, une seule question demeure : le CPT est-il encore utile ? Ou s’agit-il simplement d’un énième instrument de gestion du chaos, servant à masquer l’absence totale de solutions viables pour Haïti ?
Pendant que la population subit l’anarchie, le CPT, lui, s’apprête à souffler tristement sa première bougie.