L’attaque meurtrière perpétrée contre la commune de Kenscoff ce dimanche a ravivé les tensions autour de la crise sécuritaire persistante en Haïti. Face à cette nouvelle offensive des gangs armés, qui a coûté la vie à un militaire et blessé deux autres, le Syndicat de la Police nationale d’Haïti (SPN-17) a lancé un ultimatum aux autorités. L’organisation syndicale exige une réaction immédiate et des mesures concrètes pour renforcer la capacité d’intervention des forces de l’ordre.
Haïti est confrontée à une montée en puissance des gangs, qui contrôlent désormais une large partie du territoire. L’attaque de Kenscoff, qui a visé un bâtiment de la Teleco abritant des militaires, s’inscrit dans une série d’attaques coordonnées contre les forces de sécurité. Selon plusieurs sources, ces attaques visent à fragiliser encore davantage l’État haïtien, déjà en grande difficulté.
Malgré la présence du Conseil présidentiel de transition (CPT), mis en place il y a dix mois pour restaurer la sécurité et préparer des élections générales, la situation ne cesse de se détériorer. L’envoi de contingents internationaux n’a pas permis d’enrayer la dynamique de violence, laissant les policiers et les militaires sous-équipés et isolés face à des groupes lourdement armés.
Un ultimatum aux autorités
Face à cette impuissance institutionnelle, le SPN-17 a décidé de hausser le ton. Dans un communiqué, il exige des actions immédiates et adresse un ultimatum aux autorités, leur donnant jusqu’au 12 mars pour répondre à ses revendications. Parmi celles-ci figurent :
• L’instauration de l’état d’urgence sur l’ensemble du territoire afin de mobiliser tous les moyens nécessaires à la lutte contre les gangs.
• La suspension des activités non essentielles, notamment le carnaval, afin de concentrer les ressources sur la sécurité.
• La convocation générale des policiers pour assurer une présence renforcée sur le terrain.
• Le déblocage d’un fonds d’urgence destiné aux opérations de sécurité, comprenant notamment des primes de risque, des soins médicaux, des renseignements et des rations alimentaires pour les forces engagées.
• La création d’unités de soins d’urgence à proximité des zones de combat pour garantir une prise en charge rapide des blessés.
• Une réorganisation de la PNH, en écartant les éléments jugés inefficaces au sein de certaines divisions, notamment la Direction Centrale de la Police Administrative (DCPA) et la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ).
Au-delà de l’aspect sécuritaire, l’attaque de Kenscoff a également aggravé la crise humanitaire en Haïti. De nombreuses familles ont fui la zone par crainte de nouvelles violences, rejoignant ainsi les plus d’un million de déplacés internes recensés par l’ONU. Ces personnes vivent dans des conditions extrêmement précaires, souvent sans accès aux soins, à l’eau potable ou à des infrastructures de base.
L’ultimatum du SPN-17 met la pression sur les autorités : si elles ne prennent pas les décisions nécessaires d’ici le 12 mars, le syndicat pourrait durcir son mouvement et exiger des actions plus radicales.