Jean-Pierre Basilic Dantor Franck Étienne d’Argent, dit Frankétienne, figure emblématique de la littérature haïtienne, s’est éteint le jeudi 20 février 2025, à l’âge de 88 ans, à son domicile de Delmas. Son départ a suscité une vague d’émotion au sein du milieu intellectuel haïtien et au-delà, touchant également le corps diplomatique.
Parmi les hommages, l’ambassade de France en Haïti a salué la mémoire d’un « véritable prodige ». Sur son compte X, la représentation diplomatique a exprimé sa tristesse : « Écrivain – en créole et en français –, peintre, comédien, chanteur, il était un véritable prodige de la littérature haïtienne. »
L’ambassade des États-Unis, de son côté, a également rendu hommage à l’écrivain, adressant ses condoléances à sa famille et rappelant que « Frankétienne, l’un des plus éminents écrivains haïtiens, mais aussi poète, dramaturge et peintre, sera amèrement regretté. »
Un ami pour Gary Victor, un génie pour Emmelie Prophète
Le monde littéraire haïtien pleure un maître et une référence. L’écrivain Gary Victor, invité ce vendredi 21 février sur Magik 9, a partagé son émotion :
« Frankétienne m’a profondément marqué en tant qu’écrivain, surtout à travers son théâtre et ses dérives extraordinaires, ce voyage dans sa spirale. Il était pour moi un ami. Dès le début, il m’a encouragé et soutenu. »
De son côté, l’ancienne ministre de la Culture, Emmelie Prophète, a décrit un artiste hors du commun :
« Frankétienne n’était pas seulement un écrivain. C’était une force de la nature, un artiste polyvalent qui savait tout faire, un savant et un génie. Frankétienne était un incompris, ce qui explique pourquoi ses œuvres sont si peu traduites. »
Un « géant » de la littérature haïtienne
Les autorités haïtiennes ont également salué la mémoire du disparu. Le président du Conseil présidentiel de transition (CPT), Leslie Voltaire, a rendu hommage à un créateur dont l’influence dépasse largement les frontières :
« Poète, écrivain, dramaturge, peintre, professeur, intellectuel visionnaire, il a façonné la langue et l’imaginaire haïtiens, portant haut la voix d’un peuple et défiant les ténèbres par la puissance de son verbe. Haïti perd un géant, mais son œuvre demeure éternelle. »
Le Premier ministre, Alix Didier Fils-Aimé, a quant à lui souligné l’empreinte indélébile laissée par Frankétienne dans la littérature mondiale :
« À travers ses écrits, il a illuminé le monde, porté l’âme d’Haïti et défié le silence. Que son verbe demeure, que son esprit souffle encore. Adieu, maître. »
En hommage à l’écrivain, la Mairie de Port-au-Prince a mis son drapeau en berne ce vendredi. Sur son compte X, elle a publié : « Il s’en est allé, mais son héritage restera à jamais gravé dans nos mémoires. »
Un peintre visionnaire selon le Centre d’Art
Si Frankétienne était avant tout un écrivain, il n’en restait pas moins un peintre talentueux. Le Centre d’Art, institution dédiée à la promotion de la création artistique en Haïti, a tenu à rappeler cette facette essentielle de son œuvre :
« Ses toiles sont une extension visuelle de son univers littéraire, où l’on retrouve la même énergie foisonnante qui caractérise ses textes denses et polysémiques. »
Sur sa page Facebook, le Festival Quatre Chemins a également rendu hommage à un « pilier » de la littérature haïtienne, saluant un artiste qui a su bousculer l’imaginaire collectif avec sa plume audacieuse et ses thèmes profonds.
Un héritage immortel
Frankétienne était plus qu’un écrivain. Il incarnait l’intelligence en mouvement, la créativité sans limite. Son départ laisse un vide immense dans le monde culturel haïtien. Artistes, écrivains, journalistes, personnalités politiques, tous gardent en mémoire un souvenir, une anecdote, un moment partagé avec l’auteur de Dezafi.
Aujourd’hui, Haïti pleure la disparition de ce géant, mais son nom restera gravé à jamais dans l’histoire et dans les mémoires, à travers ses œuvres magistrales.
Que son âme repose en paix !