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Après plus d’une dizaine de jours de tractations intenses, les négociateurs réunis au Palais des Nations se sont quittés sans accord sur le tout premier traité mondial juridiquement contraignant visant à enrayer la pollution plastique. À l’issue de cette cinquième session du Comité intergouvernemental de négociation, seule certitude : les discussions reprendront à une date ultérieure encore indéterminée.
Genève, 15 août 2025. —Les blocages ont été profonds et persistants et se sont cristallisées en trois points majeurs. Le premier point de divergences : Plafonds de production. L’Union européenne, les États insulaires et plusieurs pays en développement plaidaient pour des limites contraignantes sur la production de plastique vierge. En face, des puissances pétrolières telles que les États-Unis, l’Arabie saoudite et le Koweït s’y sont fermement opposées, arguant que le traité devait se concentrer sur le recyclage et la gestion des déchets.
Ensuite, il y a le problème de substances chimiques toxiques : Une large coalition de pays réclamait la réglementation stricte des additifs et produits chimiques contenus dans les plastiques. Les pays producteurs, invoquant des contraintes économiques excessives, ont rejeté cette proposition
Et enfin, le mode de décision par consensus : Ce mécanisme a permis à une minorité de délégations de bloquer l’ensemble du processus. Greenpeace et plusieurs organisations de la société civile ont dénoncé « un détournement du consensus » contraire à l’objectif initial du traité.
Un concert de réactions déçues
Malgré l’absence de texte final, Inger Andersen, directrice exécutive du PNUE, a tenu à nuancer :
« Un progrès significatif a été accompli, même si le chemin vers un accord reste ardu. »
La ministre française de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, s’est dite « profondément déçue » et « en colère » face à « une poignée de pays guidés par des intérêts financiers de court terme ».
Pour l’Union européenne, Jessika Roswall a qualifié la session de « base de travail », appelant à « revenir plus ambitieux ».
La Norvège, l’Australie, Tuvalu et Madagascar ont exprimé une « profonde frustration », rappelant que « le monde attend désormais des résultats, pas seulement des rapports ».
Des chiffres qui font froid dans le dos
Les données présentées pendant le sommet soulignent l’urgence : 400 millions de tonnes de plastique vierge produites chaque année, un volume qui pourrait croître de 70 % d’ici 2040 sans nouvelles mesures.
300 millions de tonnes de plastique pourraient s’accumuler dans les océans et les rivières d’ici 2040, selon l’OCDE.
La production de plastique représente 3 à 8 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, contre 2,9 % pour l’aviation civile. Le coût économique global de cette pollution est estimé à 1 300 milliards d’euros par an, avec plus de 35 000 décès annuels liés à l’exposition aux substances chimiques présentes dans les plastiques.
Un rendez-vous à ne pas manquer une seconde fois
Pour de nombreux observateurs, ce sommet représentait une occasion historique de sceller un accord mondial ambitieux. L’absence de compromis traduit l’ampleur des intérêts économiques en jeu et la difficulté à aligner les priorités écologiques et industrielles.
Les négociations reprendront, mais la planète, elle, continue de payer le prix fort : écosystèmes marins étouffés, santé humaine menacée, coûts économiques abyssaux. Les prochains rounds devront tirer les leçons de Genève : limiter les blocages procéduraux, relever le niveau d’ambition environnementale et moderniser les modes de décision afin de transformer les promesses en actions concrètes.
En attendant, la pollution plastique progresse inexorablement, au rythme d’un fléau mondial que le temps, lui, ne consent pas à suspendre.
Came Stefada Poulard
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