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Fatima, sur le toit de l’Olympia

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Par Gandhi LeMetronome Dorsonne

Presque pleine, vibrante, habitée. Ce concert n’était pas une simple performance, mais une fresque en quatre actes où la chanteuse a transformé ses blessures en boucliers, ses doutes en éclairs, sa fragilité en force divine.
Neuf mois après la sortie de son second album Pwoteje m, Fatima a atteint son Olympe : l’Olympia de Montréal, quasi-remplie lors d’un beau concert structuré en quatre actes. Plus qu’une simple performance musicale, la soirée a pris l’allure d’une fresque intime et collective, où se sont entremêlés douleur et résilience, énergie et tendresse, humour et intensité. Entre chaque tableau, l’humoriste et maîtresse de cérémonie Cynthia Jean-Louis est venue alléger l’atmosphère avec de courts sketchs pleins d’esprit, assurant des transitions fluides et complices avec le public.

En levée de rideau
Dès 8h30, la scène s’est animée avec Apachidiz, suivi de Manito, Modelyne Raymond et Sketch Cynthia. Quatre prestations variées qui, chacune à leur manière, ont installé l’ambiance et préparé le terrain pour le cœur du spectacle : l’entrée en scène de Fatima et le déploiement de son univers en quatre chapitres.

Acte 1 : L’ouverture en douceur
À 9h20, le rideau s’est levé sur un dispositif scénique fort : derrière Fatima, l’écran projetait les phrases assassines et les rumeurs qui avaient circulé après son premier projet. « Elle a disparu », « c’est un flop », des jugements durs et rapides que l’artiste a choisi de transformer en art.
C’est dans ce climat chargé qu’elle a entonné You Raise Me Up. Pour ce morceau seulement, une violoniste était de la partie donnant à l’interprétation une intensité particulière. Le dialogue entre le violon et la voix de Fatima a fait monter l’émotion d’un cran. Sa voix et le violon se mêlent comme si Apollon lui-même avait soufflé sur les cordes, installant d’entrée de jeu une atmosphère solennelle et poignante.
Avec Souvni, Blese et M ap tann ou, Fatima a continué à tisser une atmosphère de mélancolie et de force. Cette première séquence, d’une vingtaine de minutes, a posé les bases d’une soirée où l’intime et le collectif se rejoignaient : Fatima n’était plus seulement l’artiste jugée, mais la femme qui se relevait, transformant la mémoire des blessures en partage avec son public.

Acte 2 : La montée en puissance
Dès 9h42, le ton a changé. Avec Wololoy, la scène a été électrifiée lorsque Kenny Haiti est venu rejoindre Fatima. L’énergie déployée a immédiatement gagné le public. L’intensité s’est poursuivie avec Kle kou, l’un de ses hits confirmés, repris en chœur par une salle en liesse. Puis Fatima est revenue seule sur scène pour interpréter Pwoteje m, titre éponyme de son deuxième album, comme une affirmation artistique et personnelle.
Ce deuxième tableau, plus rythmé, a marqué un véritable basculement : la complicité entre les artistes, l’entrain du band et la ferveur du public ont transformé l’Olympia en un espace de communion euphorique.

Acte 3 : Story Telling Time
Fidèle à son univers numérique, Fatima a transposé sur scène le format Story Time qui fait son succès sur TikTok. Assise sur une chaise, elle a raconté au public des anecdotes sur son ex, mêlant humour, tendresse et franchise. Chaque récit se ponctuait par un extrait musical, non pas interprété en intégralité, mais effleuré comme une bande-son intime de ses souvenirs. Cette trouvaille scénique a créé une proximité rare, faisant de la salle entière une confidente.
Dans ce troisième acte (9h57 – 10h19), elle a déployé toute sa palette musicale : une reprise habitée de Killing Me Softly, suivie d’une version acoustique de Dodo. L’ambiance a pris de l’ampleur avec Pye m mare, avant d’atteindre un sommet lors de A Temps. L’arrivée de T Joe a provoqué l’une des plus grandes effervescences de la soirée, le public chantant à l’unisson. Cet acte s’est conclu avec No Drama, le nouvel opus à succès du groupe Kreyol La.

Acte 4 : Le bouquet final
À 10h23, le dernier acte a réuni intensité et profondeur. Fatima a ouvert cette séquence avec Self Love et Hello, offrant deux interprétations vibrantes où sa voix s’est faite tour à tour intime et éclatante. Puis vient l’un des moments phares du concert : Nan Dlo, sur lequel Oswald l’a rejointe. Leur duo a électrisé la salle, créant une grande communion avec le public.
Après cette parenthèse à deux voix, Oswald est resté seul en scène pour livrer une version acoustique et habitée de M pedi kontwol, moment suspendu d’une intensité rare. Enfin, Fatima est revenue conclure la soirée avec Prije m, accompagnée d’une très belle chorégraphie qui a sublimé le morceau et donné une dimension puissante et envoûtante.
Ce dernier chapitre a scellé la soirée comme une véritable célébration de soi et de la musique et l’Olympia se transforme en Olympe.

Au final, à part le début du spectacle, qui pourrait etre mieux exécuté par les artistes en levée de rideau à l’exception notable de Manito, ce soir-là, à Montréal, Fatima n’a pas seulement chanté : elle a livré une odyssée. Elle a pris les jugements comme des pierres, et en a bâti un temple. Elle a fait de la critique une arme, de la douleur un chant, de la scène un royaume.
À mes yeux, elle a montré qu’une artiste ne devient pas légende seulement avec un album ou une voix, mais avec le courage de se tenir debout : face au public, face à ses démons, face à son époque.
Fatima a gravé son nom dans la mythologie moderne du HMI. Les dieux tombent. Mais ce soir-là, à Montréal, une déesse s’est relevée.

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