À l’approche de la fin de son mandat, le président du Conseil présidentiel de transition (CPT), Fritz Alphonse Jean, tire la sonnette d’alarme sur l’état de délabrement institutionnel d’Haïti. Dans une entrevue accordée à des journalistes étrangers, il affirme que « le chaos que traverse actuellement Haïti n’est pas tombé du ciel », mais résulte de « quinze à vingt années de dérives et de complicités internes ». Selon lui, plusieurs secteurs politiques, économiques et civils se sont approprié l’État au détriment de la population.
L’ancien gouverneur de la Banque centrale accuse notamment certains politiciens et membres du secteur privé d’entretenir une relation « incestueuse » avec les institutions étatiques. Il estime qu’« il faut rompre ces liens malsains » si le pays veut sortir de l’impasse. D’après lui, ce détournement de l’État a privé les citoyens des services essentiels comme la sécurité, l’éducation ou encore la santé, aggravant ainsi les tensions sociales et la violence urbaine.
Dans cette optique, Fritz Jean met en garde contre la montée de la criminalité transnationale sur le territoire haïtien. Il reconnaît que « la nature de la violence a été sous-estimée » et que la police nationale, forte d’environ 10 000 agents, n’était pas suffisamment préparée pour répondre à la menace. En réaction, le gouvernement haïtien prévoit d’envoyer 400 policiers en formation au Brésil, tandis que des coopérations ont déjà été engagées avec les États-Unis, le Canada et le Mexique.
Enfin, le président du CPT insiste sur l’urgence de neutraliser les terroristes avant les élections prévues à la fin de l’année. Pour lui, leur présence représente « une menace directe à la souveraineté de l’État ». Il appelle à une action concertée pour rétablir l’autorité dans les quartiers contrôlés par les criminels, et garantir le retour des milliers de déplacés. La sécurité, selon Fritz Jean, est le socle incontournable de tout processus électoral crédible.