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Haïti à l’ère des likes : chronique d’une image à reconstruire

Vant Bèf Info (VBI). Vant Bèf Info (VBI) – vien de publier cet article

Trop souvent associée à la violence, à la pauvreté ou aux catastrophes, l’image d’Haïti dans les médias numériques reste figée. Pourtant, des voix s’élèvent pour démontrer qu’en comprenant les règles des algorithmes, il est possible d’inverser la tendance. À condition d’agir stratégiquement.

Port-au-Prince, le 28 juillet 2025._Sur les réseaux sociaux, Haïti est régulièrement réduite à des clichés : gangs, misère, catastrophes naturelles. Ces images, devenues virales, forment une boucle algorithmique qui enferme le pays dans une perception déformée et négative. Mais cette fatalité n’est pas une fatalité numérique.

Et si les Haïtiens reprenaient le pouvoir sur leur image ?

Pour Marc-André Bélony, expert en communication numérique, cela passe par une stratégie d’influence consciente.

« Les algorithmes ne sont ni bons ni mauvais. Ils amplifient ce qui attire l’attention. Malheureusement, le sensationnel prend souvent le dessus. »

Comprendre les règles du jeu algorithmique

Les plateformes comme Facebook, TikTok, Instagram ou YouTube s’appuient sur des algorithmes qui mettent en avant les contenus générant le plus d’engagement : partages, commentaires, vues. Et les mauvaises nouvelles, souvent émotionnellement fortes, dominent naturellement ces indicateurs.

Mais, selon Bélony, il est possible de produire des contenus positifs qui captivent, engagent et inspirent — à condition d’en maîtriser la forme et la diffusion.

« Montrer un beau coucher de soleil à Jacmel ne suffit pas. Il faut raconter une histoire, engager une communauté, utiliser les bons mots-clés et former des ambassadeurs numériques. »

Former et structurer une armée numérique positive

Bélony propose la mise en place d’un plan national de formation aux outils numériques, à destination des journalistes, influenceurs, associations, étudiants et communicants.

Il suggère également la création de « cellules de contenus positifs » chargées de produire et de diffuser des récits alternatifs :

« Il faut hacker les algorithmes avec nos codes culturels. Utiliser le SEO, le storytelling visuel, les bons horaires de publication, et même les campagnes sponsorisées. »

Des exemples inspirants déjà en marche

Certains acteurs haïtiens ont déjà initié ce virage.

Wilky Toussaint documente avec brio les richesses culturelles et naturelles d’Haïti.

Toya, influenceuse engagée, valorise les femmes entrepreneures des zones rurales.

La campagne #HaitiQueJ’aime, lancée en 2024, a généré des millions d’impressions grâce à de courtes vidéos authentiques, partagées par la diaspora en France et au Canada.

Ces initiatives montrent que la reconquête narrative est possible, lorsqu’elle est créative, coordonnée et portée par une vision.

Vers une souveraineté narrative haïtienne

Changer les algorithmes, ce n’est pas lutter contre des machines. C’est un appel à l’intelligence collective. Une invitation à reprendre la parole, à valoriser la culture, la résilience et les talents d’Haïti.

« On ne nie pas les problèmes du pays. Mais on refuse qu’ils soient notre seule carte de visite numérique », insiste Bélony.
« Il est temps de raconter Haïti autrement. De manière stratégique, collective et digne. »

Changer l’image d’Haïti en ligne est un défi. Mais c’est aussi une opportunité historique : celle de construire, enfin, un récit haïtien par les Haïtiens.

Judelor Louis Charles
Vant Bèf Info (VBI)

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