Le président dominicain Luis Abinader a vivement réagi aux déclarations du ministre haïtien de la Défense, Jean Michel Moïse, qui accuse la République dominicaine d’être une source majeure du trafic d’armes alimentant l’instabilité en Haïti. Lors de son intervention hebdomadaire La Semanal, relayée ce lundi 26 mai 2025, le chef de l’État a exhorté les dirigeants haïtiens à assumer leurs responsabilités :
« Les autorités haïtiennes doivent faire face à leurs problèmes et arrêter de blâmer les autres », a-t-il déclaré, dénonçant une « tradition historique » du gouvernement haïtien de chercher des boucs émissaires.
Sur un ton sarcastique, Abinader a ajouté :
« Il n’y a pas de problèmes en Haïti ; c’est l’invention de chacun », avant de réaffirmer que son administration continuera de prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir la sécurité de la République dominicaine. Il a aussi rappelé que son gouvernement milite depuis 2021 pour une intervention internationale en Haïti, un engagement, selon lui, insuffisamment reconnu.
Les propos de Jean Michel Moïse, tenus lors d’une session à l’Organisation des États américains (OEA), ont pointé la « porosité extrême » de la frontière dominico-haïtienne, affirmant que cette dernière constitue un axe privilégié du trafic d’armes vers Haïti. Des déclarations qui ont ravivé les tensions diplomatiques déjà vives entre les deux pays voisins.
Dans la foulée, le ministère haïtien des Affaires étrangères a dénoncé des « actes xénophobes » contre les ressortissants haïtiens en territoire dominicain, évoquant notamment les mauvais traitements infligés à des femmes enceintes ou allaitantes lors d’opérations migratoires. L’ambassadeur haïtien à Saint-Domingue a été sommé de renforcer la présence consulaire dans des zones sensibles, notamment à Dajabón et Bávaro.
Cette nouvelle escalade verbale illustre la fragilité persistante des relations haïtiano-dominicaines, dans un contexte régional marqué par la crise sécuritaire et humanitaire en Haïti.