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Environ 109 712 candidats prennent part cette année aux examens officiels du baccalauréat en Haïti, dans un contexte tendu : insécurité galopante, écoles fermées pendant des mois, et instabilité politique persistante. Ce moment censé incarner l’aboutissement du parcours scolaire est aujourd’hui terni par des accusations de fraudes massives et une crise de confiance généralisée.

Des sujets en vente avant l’examen
Port-au-Prince, 15 juillet 2025 – Depuis plusieurs jours, des messages circulent sur les réseaux sociaux et dans des groupes WhatsApp évoquant la vente anticipée de sujets d’examen contre paiement. Une pratique ancienne, mais qui semble avoir pris une ampleur inédite cette année.
Selon plusieurs témoignages, des candidats auraient déboursé entre 1 250 et 1 500 gourdes, via MonCash, pour recevoir les épreuves dès l’aube. « Ils ont envoyé les documents vers 5 h du matin. Peu importe les moyens, je dois réussir », confie Jephté, un candidat rencontré à Delmas.
Au Lycée Horatius Laventure, une élève avoue avoir vu l’épreuve avant d’entrer en salle : « Je pensais que c’était une blague… mais c’était exactement le même examen », lâche-t-elle, dépitée.
Un système en perte de légitimité
Parents, enseignants et syndicats dénoncent une situation alarmante.
« Ce n’est pas seulement de la tricherie. C’est une trahison du droit à l’égalité des chances », s’indigne un parent d’élève, également professeur, devant un centre d’examen à Delmas 89.
Le silence du Ministère de l’Éducation nationale face à ces allégations ne fait qu’amplifier le malaise. Pour beaucoup, le baccalauréat perd de sa valeur, au point de devenir un diplôme vidé de sens, acquis par contournement plutôt que par mérite.
Quand l’école produit la résignation
Après des années scolaires écourtées, des cours interrompus par la violence des gangs armés de la coalition « Viv ansanm », et une fatigue collective persistante, la fuite massive des sujets apparaît comme un symptôme d’un effondrement plus large.
La question n’est plus de savoir qui triche, mais quelle société l’école est en train de former.
Dans un pays où l’éducation devrait incarner l’outil par excellence de la transformation sociale, le danger est grand de voir émerger une génération de diplômés sans compétences réelles, sans repères, ni conscience citoyenne.
Et maintenant ?
Si aucune mesure urgente n’est prise pour restaurer l’intégrité du système éducatif, c’est bien l’avenir de toute une nation qui est en jeu.
L’éducation haïtienne est à la croisée des chemins : entre illusion de réussite et réelle faillite morale.
Jean Gilles Désinord
Vant Bèf Info (VBI)
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