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Haïti : les États-Unis ne sanctionneront pas les ONG contraintes de payer les gangs désignés terroristes

Les États-Unis n’entendent pas sanctionner les organisations humanitaires contraintes de verser des « péages » aux gangs armés pour acheminer de l’aide en Haïti. C’est ce qu’a déclaré le secrétaire d’État Marco Rubio lors d’une audition au Congrès américain, le mercredi 21 mai 2025. TripFoumi Enfo a pris connaissance de cette déclaration à travers un article publié jeudi par Le Nouvelliste.

Depuis le début du mois de mai, Washington a officiellement désigné deux groupes armés haïtiens — Viv ansanm et Gran grif — comme organisations terroristes. Cette classification implique normalement des sanctions sévères contre toute personne ou entité apportant un soutien matériel ou financier à ces groupes. Une mesure qui a semé l’inquiétude chez de nombreuses ONG actives sur le terrain haïtien.

Mais Marco Rubio a tenu à clarifier la position américaine :

« Ce n’est pas l’intention de ces sanctions, et nous n’avons pas l’intention de punir les ONG contraintes de payer pour passer », a-t-il déclaré devant la Commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants.
« Nous sommes préoccupés par le fait que, pour distribuer l’aide humanitaire, les ONG doivent souvent s’acquitter — faute d’un meilleur terme — de “péages” : elles doivent payer pour passer. »

Le secrétaire d’État en a également profité pour partager sa vision plus large de la crise haïtienne. Il a de nouveau plaidé pour que l’Organisation des États américains (OEA) prenne le relais de la mission de soutien dirigée par le Kenya :

« C’est un problème régional, et il doit y avoir une solution régionale », a-t-il martelé, tout en saluant le courage des forces kényanes. À ses yeux, la mission actuelle peut faire partie de la solution, « mais elle ne constitue pas la solution en elle-même ».

Rubio a aussi exprimé une profonde inquiétude quant à la situation en Haïti, qu’il décrit comme un pays désormais sous l’emprise d’un réseau criminel structuré :

« Aucun de nos mécanismes internationaux actuels n’est conçu pour faire face à un pays contrôlé par le crime organisé », a-t-il affirmé. Il estime à 45 000 le nombre de membres actifs au sein des gangs haïtiens, précisant qu’ils ne cherchent pas à gouverner mais à contrôler le territoire.
« C’est comme si la mafia prenait le contrôle des cinq arrondissements de New York », a-t-il illustré.

Ces déclarations traduisent une volonté américaine de maintenir l’aide humanitaire malgré les défis sécuritaires, tout en appelant à une approche régionale renouvelée face à ce que Rubio qualifie de « mission d’un tout autre genre ».

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