Nouvèl ak Analiz

Haïti : promesses d’élections sur fond d’insécurité endémique

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Par Wandy Charles

Depuis le tarmac de l’aéroport international du Cap-Haïtien, deux figures du Conseil présidentiel, Emmanuel Vertilaire et Louis Gérald Gilles, ont voulu livrer un message d’espoir. Présents dans la métropole du Nord pour participer aux festivités de la Fête de Notre-Dame, ils ont assuré que « la situation sécuritaire va s’améliorer » et qu’Haïti pourra tenir, dans un avenir proche, un référendum suivi d’élections générales.

Cap-Haïtien, 14 Aout 2025.– Mais derrière ces paroles optimistes, le pays reste enlisé dans une spirale de violence qui gagne chaque jour du terrain. Dans la capitale comme dans les provinces, les gangs imposent leur loi, défient les autorités et frappent sans distinction civils, policiers ou militaires.

Kenscoff : la commune verte devenue zone de guerre

À moins de 20 kilomètres de Port-au-Prince, Kenscoff incarne aujourd’hui la fragilité extrême de l’État. Ce qui fut longtemps un havre de paix et un haut lieu de production agricole est désormais le théâtre d’attaques coordonnées d’une brutalité inédite.

Ces derniers mois, plusieurs vagues d’assauts ont endeuillé la population : exécutions sommaires, incendies d’habitations, embuscades meurtrières contre les forces de l’ordre. En avril, trois soldats haïtiens ont été tués lors d’une opération contre des groupes armés. En juillet, deux policiers d’élite ont péri dans une embuscade soigneusement préparée, leur véhicule piégé par un fossé creusé sur la route.

Plus récemment encore, en août, un foyer d’accueil (Sainte-Hélène), près de Kenscoff, a été pris pour cible. Neuf personnes, dont une religieuse irlandaise engagée de longue date en Haïti et un enfant de trois ans, ont été enlevées. L’attaque, silencieuse et méthodique, a été attribuée au gang Viv Ansanm, l’un des plus puissants du pays.

Une capitale sous pression et des provinces vulnérables

Si Kenscoff symbolise la chute d’un bastion rural, Port-au-Prince reste l’épicentre de l’insécurité. Près de 90 % de la ville et de sa périphérie seraient désormais sous contrôle de coalitions criminelles. Les axes routiers stratégiques sont régulièrement bloqués, les rares véhicules privés qui s’y aventurent sont souvent attaqués, et les déplacements interurbains relèvent de la loterie.

La peur se propage jusque dans les zones autrefois épargnées. Dans l’Artibonite, dans le Nord et sur la côte Sud, des braquages ciblés, des kidnappings et des incursions armées viennent rappeler que nul territoire n’est totalement sécurisé, mais perdus au fur et à mesure.

L’État et ses alliés face à l’urgence

Face à cette hémorragie sécuritaire, le gouvernement a multiplié les annonces : remaniements dans la hiérarchie policière, promesses de déploiements accrus, coopération avec la Mission multinationale de soutien à la sécurité dirigée par le Kenya. Mais les résultats tardent à se matérialiser, en partie à cause du manque de coordination, de leadership et stratégies.

Pourtant, au Cap-Haïtien, Emmanuel Vertilaire et Louis Gérald Gilles ont voulu maintenir le cap d’un calendrier politique. « Nous travaillons à créer les conditions de sécurité nécessaires », ont-ils affirmé, tout en appelant la population à la patience et à la confiance.

Reste à savoir si, dans un pays où les balles parlent plus fort que les bulletins de vote, la promesse d’un retour à l’ordre pourra résister à la réalité des armes.

Vant Bef Info (VBI)

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