Ankèt

Haïti : quand les salles de classe deviennent des zones de guerre

L’insécurité en Haïti a encore frappé. Et cette fois, elle s’est infiltrée là où l’on s’y attendait le moins : une salle de classe. Un sanctuaire du savoir transformé en scène de crime, un amphithéâtre devenu théâtre de l’horreur. Ce mardi 11 février, un étudiant du Centre d’Études diplomatiques et internationales (CEDI) a été fauché par une balle perdue en plein cours, en plein espoir, en plein avenir. Il devait être gradué en juin prochain, mais c’est un linceul qu’on lui prépare à la place d’une toge.

La frustration, l’indignation et la rage s’entremêlent. Comment en est-on arrivé là ? Comment un étudiant, assis sur un banc d’école, stylo en main, a-t-il pu devenir la cible aveugle d’un pays en ruine ? Ce n’est plus une tragédie isolée, c’est une sentence nationale, une spirale de violence qui dévore tout, sans distinction d’âge, de statut ou d’ambition.

Un État spectateur d’un drame qu’il a lui-même écrit

Chaque balle perdue est un coup de tampon sur l’incompétence des dirigeants, une signature macabre sur le contrat de démission de l’État. Les rues et les maisons ne sont plus sûres, et maintenant, même les salles de classe sont des zones de guerre. Où pourra-t-on apprendre sans risquer d’être tué ? Où pourra-t-on rêver sans risquer d’être effacé ?

Les étudiants ne demandent pas la lune, juste le droit d’étudier sans avoir la mort comme camarade de classe. Mais visiblement, c’est trop pour un pays où les balles ont plus de liberté de circulation que les citoyens eux-mêmes. Pendant que l’État détourne le regard, les armes, elles, parlent. Et elles ne connaissent que la langue du chaos.

Le silence assourdissant des autorités

Jusqu’à présent, pas un mot, pas un geste, pas une larme officielle. Juste un autre nom ajouté à la liste des victimes, un autre jeune sacrifié sur l’autel de l’indifférence et de l’incompétence. Les discours vides et les promesses creuses pleuvent chaque fois qu’une tragédie frappe, mais la réalité est implacable : rien ne change, rien ne bouge, sauf les cercueils que l’on porte sur les épaules.

Là où d’autres pays investissent dans l’éducation, Haïti laisse la mort en faire une leçon. Le message est clair : ici, apprendre peut tuer.

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