Des commerçants dominicains installés dans les zones frontalières sont contraints de verser de lourdes rançons à des gangs armés haïtiens afin de maintenir leurs activités commerciales. Iván García, président de la Fédération dominicaine des commerçants (FDC), a révélé que certains paient jusqu’à 20.000 dollars par mois à ces groupes pour garantir l’accès de leurs clients haïtiens aux marchés dominicains. L’information a été rapportée ce vendredi 16 mai 2025 par l’agence AlterPresse, citant une interview exclusive d’Iván García accordée à la chaîne Digital Quince.
Selon García, ces paiements imposés servent à maintenir un semblant de fluidité commerciale à la frontière, malgré la suspension officielle des importations haïtiennes en provenance de la République dominicaine. « Ces pratiques illégales fragilisent davantage un commerce déjà lourdement affecté par la crise sécuritaire qui sévit en Haïti », a-t-il déclaré.
Depuis le 7 avril 2025, un décret datant de mars 2023 interdit toute importation terrestre de marchandises dominicaines vers Haïti. En conséquence, les postes frontaliers de Ouanaminthe, Belladère, Anse-à-Pitres et Malpasse sont fermés aux échanges officiels. Cette situation a donné lieu à l’émergence de circuits informels, contrôlés par des groupes armés, qui exploitent les vulnérabilités du système pour asseoir leur pouvoir économique.
Iván García alerte sur le risque croissant de consolidation de l’influence des gangs dans les régions frontalières. Il appelle les autorités dominicaines à agir de manière concertée pour protéger les commerçants et restaurer un climat de sécurité dans ces zones sensibles.
Cette révélation intervient alors que le président dominicain Luis Abinader a tenu une réunion stratégique au ministère de la Défense, en présence d’anciens chefs d’État. Les discussions ont porté sur l’élaboration d’une politique commune visant à répondre à la crise sécuritaire qui entrave le commerce entre les deux pays.