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Le dernier rapport du Groupe d’experts sur Haïti, adressé au Conseil de sécurité de l’ONU, dresse un constat alarmant sur la circulation des armes et munitions dans le pays. Gestion opaque des stocks de la Police nationale d’Haïti (PNH), contrôle inefficace aux frontières, complicités internes et internationales : le document révèle l’ampleur du phénomène.

Port-au-Prince, 28 juin 2025 — Dans ce rapport de plus de 60 pages, dont Vant Bèf Info a obtenu copie, le chapitre 4 est entièrement consacré au trafic d’armes. Il décrit des circuits bien établis, alimentés par une demande croissante de la part des gangs, de civils fortunés, d’entreprises de sécurité privée et de groupes d’autodéfense.
Une demande croissante, des circuits multiples
Malgré les embargos en vigueur, des violations persistantes ont été relevées, notamment en provenance des États-Unis et, dans une moindre mesure, de la République dominicaine. Le rapport souligne l’absence de saisies significatives aux points d’entrée officiels, témoignant de la faiblesse du contrôle étatique.
Les gangs armés, en particulier, disposent d’un arsenal de plus en plus sophistiqué, incluant des fusils de haut calibre et des munitions puissantes. Le rapport mentionne la saisie, en décembre 2024 à Cité-Soleil, d’une arme dite « fantôme », un AR-15 fabriqué artisanalement, sans numéro de série, rendant sa traçabilité impossible.
Détournements internes : un fléau structurel
Le document pointe également la complicité au sein même de la PNH. Failles dans la gestion des stocks, absence de contrôle et corruption facilitent les détournements massifs.
Le 31 octobre 2024, un officier de l’Unité contre-embuscade du Palais national a été intercepté avec près de 2 700 munitions destinées à un gang. Une semaine plus tard, un autre policier a été appréhendé avec 2 400 munitions, obtenues grâce à l’implication de sa compagne, employée à l’armurerie centrale de la PNH.
Complicités transfrontalières en République dominicaine
Le rapport met en cause des agents dominicains corrompus dans la revente d’armes aux gangs haïtiens. En juillet 2024, une saisie de 5 000 cartouches à Mirebalais a permis de remonter à des stocks de la police dominicaine. Plus de 900 000 articles – principalement des munitions – auraient été détournés.
Malgré l’ouverture d’une enquête et un inventaire annoncé par les autorités dominicaines, une grande partie des munitions, notamment les calibres recherchés par les gangs, aurait déjà franchi la frontière.
Zones grises : diplomatie et sécurité privée
Le rapport souligne également les risques liés aux importations d’armes par certaines missions diplomatiques, opérées sans autorisation des comités de sanctions de l’ONU. Il mentionne aussi les dérives des entreprises de sécurité privées, peu encadrées et parfois autorisées à acquérir des armes hors de tout contrôle national.
Certains consuls honoraires sont également accusés d’avoir abusé de leur immunité diplomatique pour se livrer à l’importation illégale d’armes, aggravant encore la crise.
Une chaîne de défaillances préoccupante
Le Groupe d’experts dresse le portrait d’un système gangrené, où complicités internes, laxisme institutionnel, porosité frontalière et ingérences étrangères alimentent un marché parallèle florissant.
Alors que la violence armée continue de plonger le pays dans l’instabilité, le rapport lance un appel urgent à la réforme, au renforcement du contrôle des armes et à la responsabilisation des institutions concernées.
Wideberlin Sénexant
Vant Bèf Info (VBI)
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