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Haïti – Transition : Edgard Leblanc, une présidence ratée au goût d’échec

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Lorsqu’Edgard Leblanc Fils a été désigné président du Conseil présidentiel de transition (CPT) en avril 2024, de nombreux acteurs politiques y voyaient une lueur d’espoir. Fort de son parcours d’ingénieur, d’ancien président du Sénat et cofondateur de l’Organisation du Peuple en Lutte (OPL), il incarnait aux yeux de certains la sagesse et l’expérience nécessaires à une sortie de crise. Un an plus tard, le constat est sévère : une gouvernance sans relief, marquée par l’inaction et une incapacité à incarner l’autorité présidentielle.

Un homme d’État en retrait

Port-au-Prince, 4 juin 2025 — Né en 1955 à Miragoâne, Edgard Leblanc est une figure familière de la scène politique haïtienne. Il a présidé le Sénat de 1995 à 2000 et a failli devenir président provisoire en 2016, avant que Jocelerme Privert ne soit choisi par l’Assemblée nationale. En 2024, sa désignation à la tête du CPT devait incarner la compétence au service d’un redressement national. Pourtant, son passage est resté discret, presque invisible, à l’exception de quelques interventions symboliques, comme sa prise de parole à l’ONU où il a dénoncé la dette d’indépendance d’Haïti — un discours applaudi, mais sans effet tangible.

Un pays livré à la violence

Sous sa présidence, la situation sécuritaire s’est gravement détériorée. Port-au-Prince et plusieurs quartiers périphériques (Carrefour-Feuilles, Tabarre, Bel-Air) ont été le théâtre de violences armées, sans réaction claire du Conseil présidentiel. Aucune stratégie de sécurité, aucun plan de désarmement, aucune communication apaisante : les Haïtiens ont vu les gangs étendre leur emprise pendant que le Conseil, selon plusieurs observateurs, restait figé.

C’est plutôt le Premier ministre Gary Conille, nommé en juin 2024, qui a assumé les fonctions régaliennes : visites dans les zones sensibles, prises de position publiques, gestion des relations diplomatiques et coordination avec la mission internationale dirigée par le Kenya. Là où Leblanc incarnait le protocole, Conille exerçait l’action.

Une transition sans boussole

Le CPT avait pour mission de restaurer un minimum de stabilité, organiser des élections et remettre l’État sur les rails. Or, aucun calendrier électoral n’a été présenté au public. Les dissensions internes entre membres du Conseil ont bloqué toute avancée, et Edgard Leblanc n’a jamais su s’imposer comme figure de consensus. Son autorité a même été contestée publiquement, tant à l’interne qu’auprès des partenaires internationaux.

Une sortie par la petite porte

Le contraste est saisissant entre le prestige de sa carrière et la discrétion de son passage à la tête de l’État. Celui qui avait toutes les cartes en main — expertise, légitimité, réseau — n’a pas su tirer parti d’un moment crucial. L’accord du 3 avril 2024, censé encadrer le partage du pouvoir, n’a pas permis de clarifier les rôles : Gary Conille a gouverné, Edgard Leblanc a observé.

L’histoire retiendra peut-être cette transition comme un tournant symbolique, où un homme d’appareil, figure de l’ancien système, a cédé la place à un technocrate pragmatique. Une présidence sans éclat, dans un pays toujours à la recherche de direction.

Judelor Louis Charles
Vant Bèf Info (VBI)

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