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Haïti : un premier semestre 2025 marqué par une crise humanitaire et sécuritaire sans précédent

Vant Bèf Info (VBI). Vant Bèf Info (VBI) – vien de publier cet article

Plus de 3 000 morts, environ 250 000 déplacés, des massacres à répétition, des zones entières sous le contrôle de gangs et un État accusé d’inaction : tel est le constat alarmant dressé par la Plateforme des Organisations Haïtiennes des Droits Humains (POHDH) dans son rapport sur les six premiers mois de l’année 2025.

Port-au-Prince, 23 juillet 2025 – Selon ce rapport bimensuel, la situation des droits humains en Haïti s’est gravement détériorée. Des localités telles que Kenscoff, Mirebalais, Saut-d’Eau, Delmas 30 ou encore Pacot sont désormais à la merci des groupes armés. À Kenscoff, la POHDH rapporte 139 morts ou disparus depuis le mois de janvier.

Le document met en lumière des cas de violences extrêmes, notamment celui du 17 février, où un bébé de deux mois a été arraché des bras de sa mère, Eliana Télémaque, puis jeté dans les flammes. La mère est décédée peu après de chagrin.

La crise sécuritaire a provoqué l’effondrement des services publics. De nombreuses écoles et universités ont fermé leurs portes. Les rares centres de santé encore fonctionnels, comme la maternité Isaïe Jeanty, sont devenus inaccessibles, car situés dans des zones contrôlées par les gangs.

Les familles déplacées s’entassent dans des bâtiments publics désaffectés, des écoles fermées ou sur des terrains vagues, dans des conditions insalubres, surpeuplées et précaires. Sans accès stable à l’eau potable ni aux soins médicaux, plusieurs cas de choléra ont été signalés, et la malnutrition progresse rapidement.

Dans son rapport de mars 2025, l’organisation féministe SOFA tire la sonnette d’alarme : les femmes et les filles sont les premières victimes de cette crise sécuritaire. Entre janvier et mars, 503 cas de violences physiques et sexuelles ont été recensés dans ses centres d’accompagnement « Sant Douvanjou », soit une augmentation de 85 % par rapport à 2024. Aucune catégorie n’est épargnée : femmes enceintes, personnes âgées et nourrissons figurent parmi les cibles.

Parmi les 1,2 million de déplacés internes, plus de 55 % sont des femmes. Beaucoup d’entre elles vivent dans des camps précaires, aux conditions d’hygiène alarmantes, ce qui accentue les risques sanitaires. Elles sont exposées à des violences multiples : verbales, psychologiques, physiques et sexuelles.

Sur le plan international, la crise migratoire s’aggrave. En République dominicaine, plus de 115 000 Haïtiens ont été déportés entre janvier et juin. Femmes enceintes et enfants figurent parmi les plus touchés. Certaines ont été traquées jusque dans les hôpitaux, contraintes d’accoucher en cachette, dans des conditions inhumaines. Le décès de Lourdia Jean Pierre, une migrante enceinte, en est une illustration tragique.

Aux États-Unis, les Haïtiens subissent également de fortes pressions : suspension du programme humanitaire, réduction du TPS (statut de protection temporaire) et retour partiel du travel ban. Ces mesures augmentent leur vulnérabilité aux arrestations et expulsions, aggravant une situation déjà dramatique.

Face à cette urgence humanitaire, la POHDH dénonce l’inaction des autorités. Elle accuse le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) et le gouvernement de se livrer à des luttes de pouvoir, au lieu de répondre aux besoins urgents de la population. Pire encore, ils sembleraient davantage préoccupés par une réforme constitutionnelle jugée opaque, illégale et non inclusive, que par la crise sécuritaire et humanitaire.

Dans ses recommandations, la POHDH appelle à recentrer les priorités nationales sur la sécurité, à écarter les responsables impliqués dans la corruption, à soutenir concrètement les personnes déplacées (à travers des abris, soins, alimentation et soutien psychologique), et à renoncer à toute tentative de réforme constitutionnelle sans consultation populaire.

Pour la POHDH, Haïti est au bord de l’effondrement. Si rien n’est fait rapidement, le pire est à redouter.

Mederson Alcindor
Vant Bèf Info (VBI)

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