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Par Wandy Charles
Alors que l’image d’Haïti s’efface doucement dans la mémoire du monde pour ne laisser place qu’à celle d’un pays sinistré, une poignée de médias étrangers sonne l’alarme : la dignité d’un peuple est en train de se consumer dans l’indifférence générale. The Guardian parle d’un peuple « abandonné », WLRN compare la férocité des gangs à la rhétorique incendiaire du président américain Donald Trump, Associated Press dénonce la perte de souveraineté réelle de l’État haïtien. À l’extérieur, le drame haïtien est perçu pour ce qu’il est : une tragédie humaine, culturelle et géopolitique.
Pendant ce temps, à Port-au-Prince, alors que les flammes ont réduit en cendres l’hôtel Oloffson, un haut lieu du patrimoine culturel national, les élites politiques s’enferment dans des querelles de chapelle, de préséance, de forme et de pouvoir. Le Conseil présidentiel de transition réclame des comptes à au Premier ministre, les partis se chamaillent sur un projet de référendum, les groupes politiques se neutralisent dans l’espoir de gagner sans gouverner.
Et tout cela pendant que les gangs dictent leur loi, que les enfants, des familles entières fuient leurs quartiers et que les plus vulnérables enterrent en silence les dernières traces de ce qui faisait encore nation.
Cette dissonance entre la perception lucide de l’extérieur et la paralysie politique de l’intérieur est intolérable. À l’étranger, on pleure Haïti. On la regarde avec effroi, parfois avec nostalgie, souvent avec incompréhension. Ici, sur le sol même d’Haïti, les responsables semblent incapables de transcender leurs calculs politiques, partisans, personnels et souvent mesquins pour entendre l’urgence du peuple. N’y a-t-il donc aucun sursaut possible ? Faut-il que la mémoire du pays tout entier brûle avec ses hôtels, ses sites touristiques et patrimoniaux, ses archives et ses vies pour que la raison retrouve droit de cité ?
Haïti n’a pas seulement besoin d’aide étrangère. Elle a besoin d’un leadership éclairé, d’un discours d’unité, d’un pacte moral. Ce n’est pas dans les salons climatisés ou les négociations opaques que se joue l’avenir, mais dans la capacité à répondre à cette question fondamentale : qui parle encore pour le peuple haïtien et qui défend véritablement cette population à bout de force ?
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