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Depuis le début de l’année, la commune montagneuse de Kenscoff vit sous la menace constante des gangs armés. Attaques ciblées, policiers pris pour cible, infrastructures incendiées : la spirale de violence semble incontrôlable. Plusieurs blindés de la Police nationale d’Haïti (PNH) ont été réduits en cendres, symboles criants d’un État fragilisé et sans réponse adaptée. Face à cette montée en puissance des groupes armés, les habitants fuient, les services publics s’effondrent, et l’exigence d’une riposte sécuritaire structurée devient urgente.

Kenscoff, le 19 août 2025 –
Tout commence le 27 janvier 2025, avec de violents affrontements dans plusieurs quartiers de Kenscoff. Les écoles ferment, la vie locale est paralysée. Selon la mairie, on dénombre une cinquantaine de morts et plus de soixante maisons incendiées, principalement à Bongars et Sourçailles. Pour certaines ONG, la commune est le théâtre d’une « catastrophe humanitaire silencieuse », marquée par l’exode de centaines de familles.

La tension monte d’un cran le 16 février, avec l’assassinat de l’agent John Peter Schneider, de l’unité anti-gang, à « Kafou-Bèt ». Le même jour, deux blindés de la PNH sont incendiés par le gang « Viv Ansanm », des images devenues emblématiques de l’impuissance des forces de l’ordre. Moins d’un mois plus tard, le 16 mars, un autre blindé est détruit à Viard après une attaque aux cocktails Molotov. Le sentiment d’abandon s’enracine chez la population, faute de stratégie claire.

Le mois de juillet marque une nouvelle intensification des violences. Les 5 et 6 juillet, le policier Olrich Joseph, 32 ans, du SWAT, succombe à ses blessures après une attaque. Peu après, le sous-commissariat de Furcy est incendié. En fin de mois, un agent du BOID est tué, un autre blessé, et un blindé supplémentaire est anéanti. Les assauts s’enchaînent, la PNH encaisse, recule, s’épuise.
Début août, la Mission multinationale de soutien à la sécurité (MMSS) subit à son tour des pertes : deux blindés détruits, trois blessés. Le 13 août, une embuscade sanglante tue deux policiers, en blesse trois autres, et détruit un énième véhicule blindé. Le conflit n’épargne aucune force en présence.
Le Bureau intégré des Nations unies en Haïti (BINUH) tire la sonnette d’alarme : entre janvier et mars 2025, environ 262 personnes ont été tuées, selon ses chiffres. L’institution dénonce l’inaction des autorités et l’absence de mesures préventives, malgré des signaux d’alerte .
À Kenscoff, la PNH semble régulièrement dépassée. Dans la nuit du 11 au 12 avril, des policiers abandonnent leurs postes pour se réfugier dans des maisons privées. Bilan : deux blessés, un disparu, du matériel abandonné. À mesure que les pertes humaines et matérielles s’accumulent, les critiques se multiplient à l’encontre du haut commandement : manque d’anticipation, routes non sécurisées, absence de couverture aérienne, coordination déficiente avec les unités de surveillance.
Face à l’enlisement, une révision en profondeur de la stratégie sécuritaire s’impose. Parmi les recommandations : renforcement du renseignement, meilleure adaptation au relief montagneux, préparation des convois, et coordination accrue avec la force multinationale. Sans ces ajustements, Kenscoff pourrait devenir, selon certains acteurs locaux, « un abattoir national ».
Tandis que blindés et hommes tombent, le fossé se creuse entre la population et les institutions censées la protéger. Kenscoff, aujourd’hui en état d’urgence, incarne la dérive sécuritaire d’un État dépassé, pris de vitesse par l’expansion méthodique des gangs.
Mederson Alcindor
Vant Bèf Info (VBI)
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