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À l’occasion de la Journée mondiale de la population, Louis Gérald Gilles, conseiller au sein du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), a affiché un optimisme marqué quant à la situation sécuritaire en Haïti. Dans une interview accordée à Radio Galaxie, il a affirmé que les actes de banditisme et les enlèvements avaient « considérablement diminué » depuis l’arrivée au pouvoir du CPT, allant jusqu’à comparer favorablement la situation actuelle à celle des quatre années précédentes.
Pétion-Ville, 11 juillet 2025 — Des propos qui contrastent fortement avec les données et la réalité quotidienne vécue par des millions d’Haïtiens.
Une insécurité toujours endémique
Selon le dernier rapport du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH), plus de 5 600 morts violentes ont été enregistrées sur le territoire en 2024, soit une hausse de 17 % par rapport à l’année précédente. Les cas d’enlèvements ont dépassé les 1 500, des chiffres quasi identiques à ceux de 2023, déjà qualifiée d’année noire par les observateurs.
À Port-au-Prince, plus de 80 % du territoire reste sous le contrôle de groupes armés, selon le Réseau national de défense des droits humains (RNDDH). Dans plusieurs régions, comme Kenscoff ou l’Artibonite, les habitants organisent eux-mêmes des rondes nocturnes, faute de présence policière suffisante. À Delmas 33, un enlèvement en plein jour a été signalé cette semaine, illustrant la persistance du climat de peur.
Des promesses jugées irréalistes
Le conseiller-président Louis Gérald Gilles soutient que la situation est « nettement meilleure qu’en 2021 ». Pourtant, les chiffres du BINUH montrent qu’au deuxième trimestre de 2024, soit après l’installation du CPT, 428 enlèvements et près de 1 400 personnes tuées ou blessées ont été recensés. Si changement il y a, il semble surtout géographique : les gangs migrent vers de nouveaux territoires, étendant ainsi l’instabilité à des zones jusqu’alors relativement épargnées.
Malgré cela, Gilles promet une éradication totale de l’insécurité d’ici fin août 2025. Une annonce accueillie avec scepticisme, alors qu’aucun plan de sécurité structuré n’a été communiqué, que la PNH reste sous-équipée, démoralisée, et que la Mission multinationale de soutien à la sécurité tarde à se déployer efficacement.
Un fossé entre discours et terrain
Dans les quartiers populaires, les écoles ferment, les familles fuient, l’aide humanitaire se heurte à des obstacles sécuritaires constants. Pour beaucoup, les déclarations officielles apparaissent déconnectées du quotidien, dans un pays où les mots ne suffisent plus à masquer la peur.
« Ce sont les actes, pas les discours, qui rassurent », confie un habitant de La Saline, contraint de quitter sa maison pour échapper aux exactions de bandes armées.
En attendant des mesures concrètes, la population reste livrée à elle-même, suspendue à des promesses encore sans traduction sur le terrain.
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