Lors du sommet des chefs d’État de l’Association des États de la Caraïbe (AEC), qui s’est ouvert le vendredi 30 mai à Montería, en Colombie, la ministre colombienne des Affaires étrangères, Laura Sarabia, a lancé un appel fort : il est temps que la région unisse ses forces pour aider Haïti à sortir de sa profonde crise.
Sarabia a insisté sur la nécessité d’« une action commune et solidaire », tout en rejetant toute idée d’intervention étrangère directe. Pour elle, le peuple haïtien reste seul maître de son destin : « C’est à lui de tracer son chemin et de reconstruire son avenir. »
Représentée par Leslie Voltaire et Jean-Victor Harvel, la délégation haïtienne a rappelé l’ampleur de la crise sécuritaire que traverse le pays. D’après l’ONU, les trois premiers mois de 2024 ont déjà coûté la vie à 1 617 personnes, tandis que plus de 5 600 ont été tuées depuis le début de l’année. Les violences sont le fait de gangs armés, de groupes d’autodéfense, ou encore de simples civils. Plus d’un million de personnes ont été contraintes de fuir leur domicile.
La Colombie rappelle qu’Haïti n’est pas un pays comme les autres. « Ce peuple a été un moteur dans les luttes pour l’indépendance et contre l’esclavage dans la région. Il mérite respect et justice », a déclaré la ministre, venue représenter le président Gustavo Petro, contraint d’annuler sa venue.
Outre la crise haïtienne, Sarabia a souligné l’importance de renforcer l’intégration régionale, qu’elle juge encore trop fragile. Elle a également appelé les pays de la Grande Caraïbe à s’unir face au défi du changement climatique, qu’elle a qualifié de « plus grand danger pour l’humanité ».
Le sommet de l’AEC, qui réunit 25 États membres et 7 membres associés, s’inscrit dans le cadre de la Semaine de la Grande Caraïbe. Plusieurs rencontres diplomatiques et économiques sont prévues à Montería et Carthagène.