Vant Bèf Info (VBI). Vant Bèf Info (VBI) – vien de publier cet article
Alors que l’insécurité atteint un niveau critique à travers Haïti, un constat glaçant s’impose : plus de 80 % de la capitale serait désormais contrôlée par des groupes armés, sans qu’aucune riposte significative de l’État ne soit observée. Dans des zones stratégiques comme Village-de-Dieu, Martissant, Carrefour-Feuilles, Canaan, ou encore Petite-Rivière de l’Artibonite et L’Estère — endeuillées par une attaque meurtrière le samedi 19 juillet —, ce sont désormais les chefs de gang qui dictent leurs lois.

Port-au-Prince, 19 juillet 2025 —Dans ces territoires, l’autorité de l’État a disparu, remplacée par des structures criminelles organisées qui contrôlent la circulation, imposent des taxes informelles, régulent les activités économiques et décident parfois de la vie ou de la mort. Cette domination s’est installée progressivement, souvent sous les yeux des autorités, sans que celles-ci ne déploient de stratégie claire pour reprendre le contrôle.
Cette passivité de l’État alimente les spéculations. Est-il dépassé, complice ou résigné ? La question est posée de plus en plus ouvertement dans la société civile et au sein de la diaspora haïtienne. Pour certains observateurs, le pouvoir politique entretient une connivence tacite avec certains chefs de gang, utilisant parfois leur influence à des fins électoralistes ou territoriales. Pour d’autres, il s’agit simplement d’un État en décomposition, incapable de faire respecter son autorité.
« Il n’y a pas de territoires perdus en Haïti, mais des territoires livrés, voire vendus par les autorités », dénonce Pierre Simon, 74 ans, habitant de Delmas.
Cette dynamique traduit une reconfiguration territoriale de fait. Dans de nombreuses communes, les institutions publiques sont absentes, les commissariats ont été incendiés, les tribunaux désertés et les écoles fermées. Le pays glisse lentement mais sûrement vers une anarchie urbaine, où les lois de la République sont remplacées par celles des armes.
Dans ce contexte, l’État haïtien apparaît au mieux comme un spectateur impuissant, au pire comme un acteur complice d’une situation qui détruit progressivement le tissu social, économique et institutionnel du pays.
Jean Gilles Désinord
Vant Bèf Info (VBI)
L’article La conquête silencieuse des gangs, entre abandon de l’État et soupçons de complicité est apparu en premier sur Vant Bèf Info (VBI). Vant Bèf Info (VBI) –