Le Conseil de sécurité de l’ONU a tenu une réunion mardi 21 janvier pour discuter de la crise sécuritaire en Haïti. La majorité des membres ont exprimé leur soutien à la transformation de la Mission multinationale de soutien à la sécurité (MMSS) en une véritable mission de maintien de la paix. Ils estiment que cette transition pourrait assurer un financement plus stable et un soutien logistique renforcé, car la mission est actuellement financée par des contributions volontaires, souvent insuffisantes.
Plusieurs intervenants ont souligné la gravité de la situation en Haïti, avec le Danemark mettant en lumière le bilan dramatique de plus de 5.000 morts en 2024. María Isabel Salvador, représentante spéciale du secrétaire général, a déploré les défis colossaux auxquels sont confrontées la Police nationale d’Haïti (PNH) et la MMSS, notamment en matière d’équipements et de formation. Elle a aussi évoqué les violences extrêmes des gangs, qui contrôlent des zones stratégiques et commettent des massacres insoutenables.
Ghada Fathi Waly, directrice exécutive de l’ONUDC, a quant à elle dénoncé les stratégies violentes des gangs et l’afflux continu d’armements malgré l’embargo. Elle a appelé à un contrôle renforcé des armes et des frontières, en particulier entre Haïti et la République dominicaine.
Le Suriname, représentant la CARICOM, a également soutenu la transformation de la MMSS, soulignant les insuffisances de ressources de la mission actuelle. La République de Corée et Haïti ont abondé dans ce sens, rappelant que la mission en place manque cruellement de financement et de moyens pour contrer l’ampleur des violences des gangs. Haïti a renouvelé sa demande urgente pour une mission de paix avec un mandat clair et des ressources adéquates.
Certains pays, dont la Grèce et les États-Unis, ont exprimé le souhait d’attendre les recommandations du secrétaire général avant de prendre une décision. La France, de son côté, a plaidé pour un engagement renforcé des Nations unies. Le Kenya a également fait savoir qu’il était prêt à jouer un rôle de leadership dans cette transformation.
Le ministre des Affaires étrangères de la République dominicaine a insisté sur la nécessité d’une intervention internationale plus ferme pour rétablir la paix, soulignant que l’inaction actuelle ne ferait qu’aggraver la situation. Le Pakistan, pour sa part, a mis en avant l’importance d’un plan d’action solide et d’un dialogue étroit avec les dirigeants haïtiens afin de répondre aux défis spécifiques du pays.
La Russie a pris position en appelant les donateurs à tenir leurs engagements financiers pour permettre le déploiement complet de la MMSS, avant d’envisager toute réorganisation de la mission. De son côté, la Chine a critiqué l’implication des États-Unis, qu’elle considère responsables de la situation actuelle, et a souligné que l’ONU ne devrait jouer qu’un rôle de soutien, et non de solution imposée.
Dans un geste de solidarité, la République de Corée a annoncé une donation de 10 millions de dollars au Fonds d’affectation spéciale pour la MMSS, tandis que la France a également augmenté ses contributions, à hauteur de 10 millions de dollars, pour financer notamment des formations en français et en créole, en amont du déploiement.
Enfin, le ministre des Affaires étrangères de la Colombie, soutenu par le Pakistan, a rappelé l’importance de respecter la souveraineté et la volonté du peuple haïtien dans toute décision prise par le Conseil de sécurité.