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Des mercenaires étrangers déployés dans l’ombre, un drone militaire saisi puis oublié, des frontières ouvertes à tous les trafics : en Haïti, la sécurité nationale semble désormais justifier toutes les entorses à la souveraineté, même les plus controversées.

Port-au-Prince, 29 mai 2025 – Selon une enquête du New York Times publiée le mercredi 28 mai 2025, des hommes lourdement armés, affiliés à la société paramilitaire BlackWater, opéreraient depuis mars dernier sur le territoire haïtien. Officiellement, ils sont là pour combattre le grand banditisme. Officieusement, leur présence soulève de graves questions : aucun mandat clair, aucun encadrement juridique transparent, aucune redevabilité. Le contrat qui les lie aux autorités reste opaque, et ni son coût ni sa durée ne sont connus, même au sein de certaines institutions de l’État.
Une dérive assumée ?
Le recours à des mercenaires est pourtant formellement prohibé par le droit international. Mais en Haïti, les normes légales semblent céder sous le poids d’une crise sécuritaire sans précédent. Un climat où la légalité s’efface au profit de la survie, et où les solutions extrêmes deviennent acceptables, par lassitude autant que par peur.
Le cas de l’interception d’un drone militaire de haute technologie, le 21 mai dernier dans un entrepôt de FedEx, illustre cette dérive. Doté de capacités avancées de surveillance et de communication, l’appareil a été saisi par les douanes… puis plus rien. Aucun suivi judiciaire, aucun nom révélé, aucun responsable interpellé. Une affaire de plus qui s’évapore dans l’indifférence générale.
Un État absent, un peuple résigné
Cette passivité face aux violations récurrentes de la souveraineté nationale révèle un mal plus profond : l’effondrement progressif de l’État. La population, épuisée, finit par tolérer l’inacceptable tant que cela offre un semblant de paix. Dans les quartiers assiégés, l’irrégularité devient la norme, pourvu qu’elle procure un répit, même temporaire.
Mais ce calme apparent a un prix : la disparition de la transparence et l’érosion lente de la capacité de l’État à se faire respecter. Des acteurs étrangers, souvent opaques, s’arrogent des fonctions régaliennes. Et pendant ce temps, la souveraineté nationale se délite, cédée par morceaux sous prétexte d’urgence.
À force de composer avec l’illégal pour contenir l’insoutenable, Haïti risque de perdre plus que le contrôle de son territoire : elle risque de perdre son identité d’État. Un peuple qui aspire simplement à rentrer chez lui sans peur mérite mieux qu’un marché conclu dans l’ombre.
Belly-Dave Bélizaire
Vant Bèf Info (VBI)
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