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Alors que la présidence tournante du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) prévoit que Laurent Saint-Cyr succède à Fritz Alphonse Jean à sa tête, de nombreuses interrogations émergent quant à sa capacité à impulser une nouvelle dynamique dans un contexte national marqué par une crise profonde, aux dimensions politique, économique et sécuritaire.

Port-au-Prince, 10 juillet 2025 – Avant d’intégrer la sphère politique, Laurent Saint-Cyr s’est imposé comme une figure influente du monde des affaires. Il a dirigé la Chambre de commerce américaine en Haïti, puis la Chambre de commerce et d’industrie d’Haïti, et a occupé des fonctions stratégiques à l’Alternative Insurance Company (AIC). Son parcours lui vaut une légitimité certaine auprès des milieux économiques, mais soulève aussi des réserves : plusieurs observateurs questionnent sa capacité à incarner une gouvernance équitable dans un pays où le secteur privé concentre l’essentiel des ressources.
L’expérience politique de Saint-Cyr a débuté avec le Haut Conseil de la Transition (HCT), mis en place dans le cadre de l’accord du 21 décembre 2022, sous l’égide du gouvernement d’Ariel Henry. Avec Mirlande Manigat et Calixte Fleuridor, il devait œuvrer à la construction d’un consensus national. Pourtant, cette structure n’a pas tenu ses promesses : faiblesse de résultats, absence de dialogue inclusif, et critiques acerbes ont rapidement discrédité l’initiative.
Depuis son entrée au CPT, Laurent Saint-Cyr est resté discret, voire effacé. Peu de prises de position publiques, peu d’interventions sur les dossiers urgents du pays. Il a participé à quelques rencontres diplomatiques, mais celles-ci n’ont débouché sur aucun progrès tangible. Son éloignement fréquent du territoire national en pleine crise nourrit également le scepticisme.
L’accession de Saint-Cyr à la présidence tournante du CPT intervient à un moment critique. Dans un pays profondément fracturé, où l’aspiration à des élections crédibles reste forte, certains doutent de la capacité d’un acteur issu du grand patronat à incarner la rupture nécessaire. Le risque de conflits d’intérêts est souvent évoqué, tout comme une possible inertie dans la prise de décisions majeures.
Son manque d’engagement visible sur des enjeux tels que l’insécurité, la gouvernance, ou encore la détresse sociale des populations, alimente les critiques. Pour une partie de la société civile, cette transition semble prendre les contours d’une gestion technocratique, éloignée des réalités populaires.
Laurent Saint-Cyr hérite d’une tâche lourde : redonner espoir à une nation à bout de souffle. Son défi sera de prouver qu’il peut être plus qu’un gestionnaire : un leader capable d’écoute, de fermeté, et de vision. Dans les prochaines semaines, sa capacité à dialoguer, à rassurer et à agir sera scrutée à la loupe.
Dans une transition qui peine à convaincre, le pays attend désormais des actes forts. Laurent Saint-Cyr pourra-t-il faire mentir les doutes, ou s’inscrira-t-il dans la continuité d’un statu quo décrié ?
Judelor Louis Charles
Vant Bèf Info (VBI)
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