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Les exactions du gang Gran Grif, basé à Savien, dans le département de l’Artibonite, se poursuivent dans un silence accablant des autorités. Entre enlèvements, viols, pillages et incendies, la population vit sous la coupe de la terreur, sans protection de l’État.
Petite-Rivière de l’Artibonite, 2 juillet 2025 – Parmi les dernières victimes, un homme de 68 ans, enlevé à son domicile et détenu pendant 19 jours, témoigne aujourd’hui de l’enfer vécu dans les geôles du gang.
« J’ai vécu l’enfer sur terre »
C’est par ces mots que le sexagénaire commence son récit. Enlevé un matin à son domicile situé non loin du fort de Crête-à-Pierrot, à Petite-Rivière de l’Artibonite, il raconte l’irruption brutale de plusieurs hommes armés :
« Ils m’ont menotté, torse nu, avant de m’emmener à Savien, leur quartier général. »
Privations, coups et cris d’otages
Détenu dans une maison étroite et insalubre, il décrit les conditions inhumaines de sa captivité. Ils étaient, selon lui, environ 111 otages, entassés dans une pièce sans eau ni nourriture suffisante.
« Toutes les dix heures, ils nous battaient avec un bâton qu’ils appelaient baton bis bòl. J’ai reçu des coups à l’estomac et aux parties intimes. »
Il évoque également les cris d’autres prisonniers, dont certains n’auraient jamais été revus.
Une rançon contre la liberté
Sa libération a été rendue possible après le paiement d’une rançon par ses proches. Le montant exact reste inconnu, mais il se chiffrerait en milliers de gourdes.
« On a tout vendu pour le faire libérer », confie l’un de ses fils, encore sous le choc.
Un État absent, une police silencieuse
Le rescapé pointe du doigt l’inaction de l’État :
« Ce pays est abandonné. Les bandits font la loi. Où est la police ? Où est l’État ? »
Plus grave encore, il accuse certains agents de la Police Nationale d’Haïti (PNH) de complicité avec les gangs.
« Ils regardent sans rien faire. Certains sont même de mèche. »
Savien, épicentre de la terreur
Ce témoignage est loin d’être un cas isolé. Depuis plusieurs mois, la vallée de l’Artibonite est livrée aux violences de Gran Grif. Enlèvements, extorsions, incendies, assassinats : la liste s’allonge au rythme d’un État en déroute.
Ce cri de détresse met une fois de plus en lumière l’urgence d’une réponse nationale et internationale à la crise sécuritaire en Haïti. Pendant que les autorités restent muettes, les gangs imposent leur loi et les citoyens, eux, n’ont plus que leur peur pour seul refuge.
Jean Gilles Désinord
Vant Bèf Info (VBI)
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