Alors que Port-au-Prince brûle, que les gangs armés étendent leur contrôle et que les autorités peinent à agir d’une seule voix, un Conseil supérieur de la police nationale (CSPN) spécial s’est tenu ce vendredi 28 février 2025 pour faire le point sur la situation sécuritaire. Pourtant, le grand absent de cette rencontre n’était autre que le directeur général de la PNH, Rameau Normil.
Selon Le Nouvelliste, le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé a expliqué aux membres du Conseil présidentiel de transition (CPT) que le chef de la police souffrait de « maux de tête », une justification qui, d’après une source au sein du CPT, n’a pas convaincu tout le monde.
Derrière cette absence se cache une profonde tension entre le Premier ministre et le CPT. Le chef du gouvernement plaiderait pour le renvoi de Rameau Normil, tandis que certains membres du Conseil s’y opposeraient. Ces derniers reprochent certes au DG de la PNH son manque de communication avec le haut commandement de la police, mais ils estiment qu’il n’est pas le seul responsable de la situation sécuritaire catastrophique du pays.
Parmi ceux qui réclament ouvertement le départ de Normil figure Emmanuel Vertilaire, conseiller présidentiel chargé du chantier Justice et Sécurité publique. D’après une source du CPT, sa position se serait durcie cette semaine après qu’un proche de Vertilaire a été victime des violences des gangs à Delmas.
Mais les luttes de pouvoir ne se limitent pas au dossier sécuritaire. Selon une source interne, le CPT envisagerait également de remplacer plusieurs directeurs généraux de l’administration publique. Emmanuel Vertilaire, très impliqué dans ces discussions, militerait notamment pour des changements à l’APN et à l’ANN, preuve que la bataille d’influence s’étend bien au-delà de la question policière.
Dans ce contexte explosif, l’absence de Rameau Normil au CSPN n’a fait qu’accentuer les tensions entre le gouvernement et le Conseil présidentiel, au moment même où Haïti fait face à une crise sécuritaire sans précédent.