Le Premier ministre haïtien, Alix-Dider Fils-Aimé, a décidé de confier à la firme américaine Continental Strategy la mission de défendre les intérêts d’Haïti aux États-Unis, selon un article publié par le Miami Herald le 5 mars, dont TripFoumi Enfo a pris connaissance. Ce contrat d’un an, signé le 7 février, s’élève à 35 000 dollars par mois et a pour objectif de renforcer les liens entre Haïti et Washington.
Carlos Trujillo, ancien ambassadeur de Donald Trump auprès de l’OEA et actuel dirigeant de la firme, a déposé les documents officiels le 24 février auprès du Département de la Justice. Le contrat stipule que la firme aidera Haïti à améliorer son image aux États-Unis, à attirer des investissements américains et à réformer son secteur financier.
Si le Guyana, qui a également engagé Continental Strategy pour 50 000 dollars par mois, a clairement exprimé son désir de consolider ses relations avec les États-Unis face aux tensions croissantes avec le Venezuela, le gouvernement haïtien, quant à lui, garde le silence. Ni le bureau du Premier ministre ni le Conseil présidentiel de transition n’ont fait d’annonce officielle sur cette collaboration, laissant ainsi planer un flou sur ses véritables objectifs.
Pour certains observateurs, cette absence de communication est problématique. Interrogé par le Miami Herald, Sauveur Pierre Étienne, ancien candidat à la présidence, estime que, bien que l’engagement d’une firme de lobbying puisse être pertinent, le gouvernement haïtien devrait d’abord clarifier ses priorités. « Je ne suis pas contre l’idée d’engager des lobbyistes, je sais comment les États-Unis fonctionnent », a-t-il expliqué. Selon lui, la priorité pour Haïti devrait être de demander la levée de l’embargo sur les armes afin de mieux lutter contre les gangs et de renforcer les relations militaires avec les États-Unis pour assurer la stabilité du pays.
D’après une source proche du contrat, citée par le Miami Herald, Carlos Trujillo travaillera directement avec Fils-Aimé pour convaincre Washington de reprendre le dialogue avec Haïti. L’objectif de cette démarche serait de créer un climat propice à l’organisation d’élections, malgré une situation sécuritaire qui ne cesse de se détériorer.
Alors que les gangs continuent de semer la terreur et que le gouvernement peine à rassurer la population, Fritz Alphonse Jean s’apprête à prendre la présidence tournante du Conseil ce vendredi. Mais les défis sont nombreux, et l’incertitude politique persiste.
Cette stratégie de lobbying soulève une question essentielle : le gouvernement de Fils-Aimé cherche-t-il véritablement à sortir Haïti de l’impasse ou tente-t-il avant tout de sécuriser le soutien de Washington pour se maintenir au pouvoir ?