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Le gouvernement dominicain mise sur le lobbying pour redorer son image face à la crise haïtienne

Confronté à une vague de critiques internationales concernant sa politique migratoire et son rôle dans la crise haïtienne, le gouvernement dominicain a engagé les services de la firme américaine Group Government Relations LLC. Un contrat d’un montant de 103 millions de pesos dominicains a été signé pour bénéficier, sur une durée d’un an, de conseils stratégiques en matière de droits humains, de sécurité et de relations bilatérales avec les États-Unis.

L’accord, paraphé le 20 juin 2025 entre le ministre José Ignacio Paliza et l’expert en droits humains José Miguel Vivanco, a pour objectif principal de restaurer l’image de la République dominicaine à l’international. Ces derniers mois, le pays est sous le feu des projecteurs pour ses expulsions systématiques de femmes haïtiennes enceintes ou allaitantes, notamment via un protocole de contrôle controversé dans les hôpitaux publics.

Outre la gestion des critiques, ce partenariat s’inscrit dans un contexte de tensions commerciales : les autorités dominicaines s’apprêtent à soumettre une contre-proposition aux États-Unis, en réponse à l’imposition récente d’un tarif douanier de 10 % sur les importations dominicaines.

Dans sa proposition, DGA Group, maison-mère de la firme contractée, affirme qu’il est « essentiel de mieux contrôler le récit médiatique ». L’entreprise s’engage à fournir des éléments de langage aux représentants dominicains, à analyser les requêtes journalistiques et à positionner stratégiquement les prises de parole de l’État dominicain.

La stratégie de DGA s’articule autour de cinq axes prioritaires :
1. Le renforcement des relations avec l’administration Trump,
2. La gestion des risques liés à la traite des personnes,
3. Le conseil en communication de crise,
4. L’assistance sécuritaire via l’application de l’Enmienda Leahy,
5. Et la mobilisation d’alliés régionaux face à l’instabilité persistante en Haïti.

José Miguel Vivanco, épaulé par une équipe d’anciens diplomates et de spécialistes des droits humains, se dit prêt à accompagner les autorités dominicaines dans ce qu’il décrit comme « une diplomatie de précision dans un climat géopolitique sous tension ».

« Si la République dominicaine descend dans le classement du TVPA (Trafficking Victims Protection Act), les conséquences pourraient être dramatiques », a mis en garde l’équipe de DGA.

Le gouvernement défend la sélection directe de la firme en évoquant la nature sensible et confidentielle des données traitées. L’absence d’appel d’offres public n’a pas été considérée comme un obstacle, conformément aux exceptions prévues par la loi dominicaine sur les marchés publics.

Ce choix repose aussi sur la réputation internationale du cabinet, reconnu pour sa connaissance fine du contexte latino-américain et pour ses interventions dans des situations diplomatiques délicates.

« Nous avons besoin d’alliés compétents pour naviguer dans cette crise complexe », a confié à demi-mot une source gouvernementale proche du dossier.

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